24 h du mans journee test compliquee par la pluie porsche devant

Sur Le Mans, le ciel demeure intensément gris en ce dimanche matin. Toutes les écuries ont connaissance des prévisions annonçant la pluie et chaque responsable technique croise les doigts pour qu'elle n'arrive pas trop tôt dans la journée, afin de pouvoir tester le pack aérodynamique spécifique 24 heures.
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Effectivement, le circuit du Mans avec sa très longue ligne droite exige des réglages très particuliers pour obtenir une vitesse maximale suffisante, mais qu'il faut concilier avec une adhérence pas trop compromise dans les virages.

Bien sûr, les marques en tête d'affiche comme Audi, Toyota ou Porsche disposent d'un stock de données (années antérieures et simulations) mais, comme des évolutions ont été apportées pour la saison 2015 tant au niveau du moteur que du châssis, il est important de confirmer la pertinence des choix envisagés pour la course, par les chronos et les retours d'informations des pilotes. 

Pour Nissan, qui débarque en championnat WEC avec quelque retard, tous les observateurs scrutent les premiers tours de roue afin de juger si la participation ne tient pas plus d'une forme d'imposture, que d'une innovation technologiquement viable.

Comme le petit monde de la course s'est inquiété d'enregistrer en ce début de saison des performances en demi-teinte chez Toyota, nous avons tenu à questionner Pascal Vasselon, le directeur technique à ce sujet.

Oui, nous avons été un peu en retrait à Spa. Pour Le Mans, comme beaucoup de choses sont figées, notamment pour ce qui concerne le moteur et le système hybride, nous nous concentrons sur une redéfinition de l'ensemble aérodynamique pour être le mieux adaptés à l'originalité du circuit sarthois.

Le directeur analyse ensuite les atouts de la Toyota TS040-Hybrid en insistant sur les qualités du châssis et une bonne gestion des pneumatiques. Il concède toutefois un léger déficit d'accélération face aux concurrents. Par contre, une bonne nouvelle tombait avant la première séance de la journée test. Le pilote Toyota Kazuki Nakajima blessé à Spa était déclaré apte à courir par les instances médicales de la FIA.

Se préparer pour la course

Pour tous les teams présents l'objectif essentiel consiste bien à préparer au mieux la voiture pour la course à venir. Selon les teams et les diverses catégories, on peut noter des différences d'approche selon le degré de développement de l'auto et l'habitude que les pilotes ont de cette course de 24 heures.

C'est sans doute dans les catégories LMP2 et GTE que les différences de niveau de préparation sont les plus marquées, même si une constante s'avère nécessaire: la validation des pneus 2015.

En fait, les équipes n'ont pu disposer d'une piste sèche seulement pendant deux heures, mais comme au Mans la pluie est souvent présente, les pneus pluie auront eux aussi pu être testés.

Chez Alpine, où l'on avait ressorti le kit Le Mans de l'an dernier, Philippe Sinault, le manager, indiquait travailler sur d'infimes détails de réglage.

Chez AFCorse, où Batti Prégliasco manage six Ferrari, les pneus demeurent la priorité de la journée.

Chez Morand, c'est Jean-François Ruchonnet le manager principal qui est à la manœuvre pour que la Morgan Evo 2 no 43 trouve d'abord une vitesse maxi intéressante avant de définir les set-up adéquats en fonction de l'état de la piste. Ensuite, il convient de remettre en route la belle mécanique du team Sard-Morand, qui était récemment touchée par suite de défaillance d'un annonceur.

Chez OAK Racing, les deux Ligier JS P2 poursuivaient des buts différents. Sur la no 35 dévolue aux trois gentlemen drivers Nicolet-Maris-Merlin, un kit spécial déjà testé positivement permettait d'envisager sereinement un simple roulage. Sur la seconde auto, la no 34, il en allait tout autrement puisque les pilotes Cumming et Vanthoor vont disputer leur première course en LMP2 et s'aligner au Mans pour la première fois ! Ce qui n'empêchait pas le duo de réaliser de très bons temps, plaçant même l'auto en tête de la catégorie LMP2. C'est peu dire des qualités intrinsèques de ce nouveau modèle !

À la pause de 13 heures, le public, auparavant dispersé, s'était en partie regroupé pour guetter les pilotes. Ces derniers quittant les stands regagnaient les hospitality pour déjeuner au calme, mais ils devaient auparavant se prêter au jeu des selfies et des autographes. Romain Dumas, pilote de la Porsche (noire) no 18 a eu beaucoup de mal à parcourir les quelques mètres le séparant du havre de paix installé par Porsche !

C'est dans la structure d'accueil réservée aux pilotes Ferrari endurance que nous retrouvons Emmanuel Collard pilote de la 458 Italia no 83. Il nous résume la matinée en ces termes:

Pour ma part, j'ai dû d'abord roder des disques et des plaquettes et après ce run, il a plu. Alors même si la voiture est bien on ne sait pas trop où l'on en est. Alors a priori je vais faire des tours sur le mouillé pour avoir le feeling et l'on espère que la piste va sécher pour que François Perrodo puisse faire quelques tours dans ces conditions, mais c'est plutôt mal parti.

On joue avec les pneus

À la reprise de 14 heures, la pluie a quelque peu cessé mais la piste est encore humide et les temps sont supérieurs de 10 secondes aux meilleurs chronos du matin. Avec une température de 18 degrés et le trafic, tout le monde espère qu'en fin de journée la piste sera enfin à nouveau sèche ce qui permettrait de lâcher les fauves pour voir où chacun en est vraiment.

Dans la catégorie reine des LMP1 il faut souligner que les Nissan ne roulent pour ainsi dire pas, alors que la plus rapide d'entre elles la no 23 d'Olivier Pla, notamment, n'avait bouclé que 11 tours le matin, quand la Porsche n18 meilleur temps en avait couvert 44 !

Tous les teams guettent le ciel et, quand une petite fenêtre pour rouler sur le sec s'est entrouverte, voici comment Tristan Gommendy, pilote de l'Oreca 05 by Thiriet no 46, nous raconte son roulage:

En seconde séance je suis parti sur le mouillé et j'ai pu voir la piste s'améliorer au fur et à mesure qu'elle séchait. Nous étions partis en pluie. J'ai constaté que c'était déjà un peu limite, alors on a roulé un peu en intermédiaires. J'ai vu que ça séchait trop et ça ne servait à rien de rouler dans ces conditions-là. Nous sommes passés en slicks mais c'était un peu entre deux eaux. En fait, c'étaient les meilleures conditions pour mettre la caisse dans le mur. Je n'aimais pas trop cela ! Au fur et à mesure, la trajectoire sèche s'est élargie, ça a été un peu mieux. Nous avons pu voir un peu la balance de l'auto. Pour ma part, j'ai des choses à dire à l'ingé pour améliorer l'auto. La voiture n'est pas parfaite mais la base est bonne. Nous avons besoin de travailler dessus, elle est toute neuve. Je n'avais pas l'impression d'attaquer fort sur la piste mais on m'a demandé de ne pas prendre de risques.

Jean-Félix Bazelin directeur des opérations Dunlop qui équipe 17 voitures et celle du team Thiriet nous confirme les difficultés de la journée mais aussi son intérêt:

C'est un peu compliqué de tirer des conclusions sur un type de pneus à cause des changements de conditions de piste. Par contre, c'est très intéressant parce que nous avons pu vérifier les fenêtres de fonctionnement des pneus du sec vers le pluie et inversement. Maintenant avec les informations recueillies, le challenge ce sera de faire coller ces informations pour les exploiter le jour de la course.

Sans doute pour tester également les interventions synchronisées des 3 safety cars, une sortie eut lieu en cours d'après-midi sans qu'elle fût justifiée par un accident sérieux, heureusement.

On s'achemina sans autre forme de procès vers une fin de session bien banale. Chaque team décidant de ses priorités, qui pouvaient aller jusqu'à la remballe ou au maximum de roulage pour roder pilotes et mécaniciens aux opérations complexes et fort réglementées de changements de pilotes, de pneus ou de ravitaillement.

Quel bilan de ces essais des 24h du Mans ?

Il est toujours hasardeux de tirer des conclusions péremptoires de ce genre d'essais. Toutefois, on peut avancer que Nissan aura bien du mal à faire bonne figure pour la course la plus huppée au monde. Son absence lors des deux premières courses de la saison d'endurance n'aura, semble-t-il, pas suffit à lui permettre de mettre au point la voiture hybride révolutionnaire qu'on nous promettait.

Pour le reste, nous ne nous attacherons pas aux chronos réalisés, même si Porsche enfonce le clou face aux Audi sereines et aux Toyota à l'attaque, mais encore un peu en retrait chronométrique.

En LMP2, la bataille sera somptueuse, à n'en point douter, les nouvelles Oreca 05 ayant montré de belles choses tout comme les Ligier JS P2.

En GTE, Chevrolet, Ferrari, Aston Martin et Porsche vont s'affronter sans retenue pour afficher une suprématie ayant des incidences directes sur les ventes.

Il reste une semaine pleine pour que les écuries montent les voitures définitives pour la course. Ensuite, après la parade et les opérations de promotion constitutives de la semaine du Mans, tout ce beau monde se retrouvera le mercredi 10 juin pour les essais libres, avant les premières qualifications du jeudi soir.

À n'en point douter, Le Mans 2015 sera un grand cru, à déguster sans modération !

Crédit photographique: Gilles Vitry, La Revue Automobile

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