Les belles historiques en glisse au second legend show

Gagner le droit de glisser sur le circuit de Serre Chevalier, dans un cadre idyllique, cerné par les cimes blanches, dominé par le ciel bleu, ça se mérite. D'abord il fallait arriver à la station et la veille de l'épreuve! Le col du Lautaret étant fermé pour cause de tempête de neige, le long détour par Gap et Briançon entraina des blocages du fait de remorques transportant les belles caisses historiques, en portefeuille dans une montée... Qu'importe, le samedi matin par une température de moins quinze degrés, tout un bataillon de belles héroïnes ébrouaient leurs pneus cloutés dans le paddock et les pilotes se réjouissaient de pouvoir bientôt se faire plaisir en glissant à qui mieux-mieux, sans aucun esprit de compétition.
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 Ainsi allait débuter la seconde édition de ce Legend Show de Serre Chevalier. 

En ouverture de piste avec le patron du circuit

Avant de nous rendre en bord de piste pour profiter du spectacle alléchant dans  cette vitrine grandiose, nous sommes les invités privilégiés de Julien Laurent directeur du circuit de glace qui souhaite nous faire profiter de son ouverture de piste à bord d'une Subaru STI de l'école.

La veille pour chasser la neige envahissante un arrosage copieux avait été entrepris. Ce matin, un coup de nettoyage général précédait ce qui devait constituer une ultime préparation. Alors là, nous avons eu droit à un privilège extraordinaire, rouler sur la piste vierge dans des conditions extraordinaires, quasi exceptionnelles en raison de la conjonction d'un ciel d'azur et d'une glace superbe avec des murs de neige suffisamment souples pour accueillir tout débordement intempestif des pilotes à venir.

Cinq tours durant je bénéficie de la science du pilotage sur glace mise en musique par Julien Laurent, le directeur du circuit. Il nous démontre en toute décontraction que le pilotage sur glace avec une voiture sportive est régi par quelques règles très simples concernant les trajectoires, avec des constantes habituelles comme par exemple, le point de corde. La grande différence réside en fait dans un freinage très performant avec le cloutage, nécessitant de mettre l'auto en dérive pour  la faire tourner avant le virage.Ces notions d'appel et contre appel contribuent  à se retrouver dans des positions pouvant sembler peu orthodoxes quand l'auto en accélération, motrice perpendiculairement  au mur de neige, qui va s'effacer brusquement pour vous projeter d'un coup de volant magistral face à la pleine piste.

Après cet exercice de mise en forme pour apprécier le spectacle de la journée, nous comprenons mieux cette forme d'excitation, voire de griserie qui anime tous les participants à cette journée placée sous le signe du plaisir, de la convivialité, de la camaraderie et des échanges.

Une communauté de passion

Ce qui semble un peu incroyable  c'est d'entendre les pilotes et leurs accompagnateurs bavarder dans le paddock alors que les moteurs chauffent.Ils connaissent tout sur toutes les voitures. 

Certaines sont totalement d'origine, d'autres sont reconstruites, d'autres encore sont en cours de remise à niveau avec des pièces d'origine. Chaque pilote, en général propriétaire de l'auto qu'il conduit, évoque avec passion et souvent fierté l'histoire de sa voiture. Nous y reviendrons.

Nous allons admirer les volutes de neige levées par les glissades parfois un peu trop larges de certains pilotes prenant leurs marques.

Les autos ont été réparties en quatre plateaux de 7 à 8 unités et vont rouler alternativement par séquences de quinze minutes.

Nous ne pouvons pas rendre de compte de manière exhaustive de toutes les démonstrations auxquelles nous avons assistées. Il faut bien comprendre que le but de ce Legend Show consiste  à donner l'occasion au public d'admirer des véhicules historiques en glisse et aux pilotes de se lâcher sans aucune pression avec le seul objectif de maîtriser le pilotage sur glace, sans aucun souci de chrono. Alors dans ces conditions, il faut bien évidement s'en tenir à nos références et le côté visuel présenté par les trajectoires des uns et des autres pour souligner quelques prestations remarquables.

Un ballet glissant et grisant

Sans hiérarchie aucune et en fonction des informations que nous avons pu glaner auprès des participants voici un petit florilège non exhaustif des voitures de légende dans leurs œuvres glacées.

Jean Christian Duby, 20 ans de montagne derrière lui et six titres de champion de France à la clé a stoppé là côte pour passer sur la glace à Chamonix et à l'Andros avec de beaux résultats. Il roule maintenant seulement pour le plaisir sur une très belle 205 turbo 16 Groupe B N° 40.La moins neuve, ayant accueilli Jean Pierre Nicolas au volant, dit-il. Avec un bon stock de pièces rachetées un peu partout il a reconstitué une belle Evo 2, et nous gratifie de trajectoires tirées au cordeau, particulièrement efficaces. 

Il n'est pas le seul d'ailleurs à bord d'une turbo 16. Christophe Vaison, lui le spécialiste entre autres du Rallye du Maroc ( gagné en 2013 sur une 504 V6 Coupé), nous régale également de son expérience de la belle trace, fut-elle sur la glace. Nous retrouvons à ses côtés dans le parc le jeune patron de Lorrtec préparateur moteurs à qui nous avions consacré un reportage en fin d'été. 

Après avoir assisté à une évolution apparemment très efficace de la Mazda WRC  N° 17, nous attendons son pilote à la sortie du baquet. Jean-Philippe Cerutti nous confie avoir récemment levé le pied après de nombreuses saisons  (2007-2013) en Porsche GT3. Maintenant, c'est avec la Mazda de Grégoire Mévius championne du monde des voitures de production 1991, qu'il s'amuse vraiment à faire glisser au maximum. Ce grand champion semble très attaché aux valeurs premières de la voiture historique, qu'il ne faut pas dénaturer avec la course à l'armement, avec des clous déraisonnables n'ayant pas droit de cité ici à Serrre Chevalier, ce qui le ravit. La glace dit-il, est une belle école d'humilité et il attend d'être un peu plus expert avant de repeindre sa voitures aux couleurs d'origine.Les murs de neige peuvent être ravageurs!

Le sympathique Christophe Guyon sur sa superbe Renault 5 turbo Tour de Corse groupe B N° 39 ne dirait pas autre chose. En enchaînant des tours de plus en plus tracés au cordeau, il se trouva un peu trop en confiance alors qu'il baptisait un passager selon les habitudes de ce Legend Show. Pour moins de quinze centimètres, une touchette dans un mur de neige bien dure, fit éclater le coin avant gauche du pare-chocs. Cela ne l'empêchait pas de repartir de plus belle, de plus en plus enthousiaste par rapport à cette très agréable journée glacée. 

Nous avons également retrouvé le propriétaire d'une seconde Mazda toute auréolée d'avoir été l'auto d'Olivier Panis à l'Andros 2014. Pour le fun la Mazda Oreca N° 38 n'utilisait pas ses quatre roues directrices mais démontrait une remarquable efficacité aux mains d'un Claude Millet, très éclectique dans ses montures des années passées sur l'Andros ( Nissan Micra, Opel Tigra, Alfa Romeo ou encore Peugeot 207).  En retraite maintenant, ce monsieur envisage de se lancer dans le VHC  avec une groupe B, nous déclarant dans un sourire  il faut bien s'occuper mais aussi savoir s'amuser... Et sur la glace il ne s'en est pas privé !

Frédéric Heraudeau spécialiste des courses de côte avec sa 2 CV Special N° 7,a voulu tester son engin très original avec un moteur de moto installé à l'intérieur même de l'auto. L'expérience l'enthousiasmait tant qu'il se trouvait toujours en première position ou presque pour entrer sur la piste.

Jean-Pierre Marcaillou, est venu de Gap, en voisin. La veille il n'était pas prêt et, monter à Serre Che avec la remorque n'était pas très engageant. Pourtant, l'appel de la glace jouant à plein, lui qui normalement dispute des rallyes VHC  voulut éprouver son pilotage face à des éléments naturels différents avec son Alfa GTV 6 préparée en groupe 2 par Muratet. Il trouva l'exercice grisant et a tenu à faire profiter notre photographe du baquet de droite. Ce garçon très sympathique adore  se retrouver pour partager la joie procurées par les véhicules historiques. Il n'est pas le seul. 

L'équipage Gauclère-Chazot sur leur Fiat 124 Spider Groupe 4 ex-usine N°1, confirment en ces termes: nous les anciens, on s'amuse bien et sur la glace avec notre auto.

Bien d'autres pilotes cultivaient cette même philosophie  et l'on appréciait cette approche du partage de la passion des belles mécaniques. Par exemple, Gérard Swaton qui pourrait se glorifier de multiples beaux résultats au Tour de Corse ou au Rallye de Monte-Carlo, expliquait aux amis pilotes l'entourant que sa Porsche 911 SC N°5 se révélait sous-vireuse et retournait faire le plein pour lui mettre du poids sur l'avant.

Paul Chieusse et sa Peugeot 307 WRC  N° 14 entendait prendre le temps de profiter de cette première occasion de rouler sur la glace pour écouter les habitués, rencontrer des amis , partager la même passion et parler de ses projets dont nous nous ferons prochainement l'écho. Tout comme, d'ailleurs du projet d'un renouveau de la Coupe 104 ZS dont le promoteur, n'est autre que Patrick Bouvier, en démonstration efficace avec sa version originale de 1981.

Un chœur de louanges

A l'issue d'une grande journée entièrement consacrée à profiter du plaisir intense de glisser, de glisser encore mais aussi d'améliorer sa trajectoire, de maitriser son auto et d'apprendre des autres en les regardant, en les questionnant et en les écoutant, tous les participants se déclaraient enchantés. Enchantés à la fois de l'accueil mais aussi et surtout peut-être bien de la qualité de la piste mise à disposition. 

Nous avons surpris quelques échanges du genre: je rêve de trouver une belle Audi Quattro, celle de Michèle Mouton, ou bien: je vais consacrer mes quelques temps libres à quatre ou cinq  courses en VHC, ou enfin:  il faut cesser la course à l'armement et exiger le retour à l'esprit de l'historique.

Tous, qu'ils soient entrepreneur, casseur automobile, assureur, éleveur de chevaux, mécanicien ou retraité souhaitent préserver un esprit, celui du respect de la voiture historique, repoussant les arnaques, magouilles ou surenchères qui pointent ici ou là en raison de la valeur que prennent certains modèles, encourageant trop la spéculation.

Alors que les cimes enneigées du fond de vallée n'en finissaient pas d'être allumées par le soleil couchant, la BMW Z3 Oreca, les Lancia Delta de l'Ecurie Milano, la Porsche 911 de Stéphane Jullien et la très efficace rallye 3 de Michel Nicolas notamment, semblaient ne pas pouvoir se résoudre à clore ce second Legend Show.

Alors que les remorques s'approchaient déjà pour charger les héroïnes de la journée nous n'entendions que des compliments sur cette journée fabuleuse, sur cette piste formidable, sur cette ambiance exceptionnelle. Les spectateurs un peu transis recherchaient un chocolat chaud mais répétaient, eux aussi, que le spectacle valait le coup d'autant plus d'ailleurs qu'il était...gratuit! 

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