24 heures du mans moto suzuki signe une grande victoire

Comme souvent dans les courses de 24 heures il faut attendre le petit matin pour pouvoir dessiner les contours du classement final. L'édition 2014 n'aura pas dérogé à cette règle non écrite et, deux teams phares ont dû renoncer aux lueurs de l'aube.
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Une course rendue difficile par la pluie de la nuit

La Kawasaki qui caracolait devant jusqu'à une chute de Fabien Foret, était malgré tout remise en état pour tenter d'accrocher une cinquième victoire consécutive en Sarthe. Lorsqu'à son tour, Matthieu Lagrive allait au tas, Gilles Stafler le manager, évaluant les dégâts à la fourche avant notamment avec les risques en termes de sécurité, que même une réparation n'évacuerait pas, prenait donc la décision de tirer le rideau.

De manière presque simultanée, la Honda officielle connaissait des problèmes moteur que le staff technique n'arrivait pas à identifie et, là aussi, la décision d'abandonner était prise vers 6 heures du matin.

La pluie,  d'abord très fine puis plus soutenue avant de revenir à une sorte de bruine, entrainait l'entrée en scène des techniciens pneumaticiens. Michelin, Dunlop et Pirelli mettaient en avant leurs produits spécifiques. Encore fallait-il que la décision finale appartenant au manager soit la bonne. Sachant que l'on peut disposer des pneus :  slick, intermédiaire, pluie ou slick retaillé, on conçoit aisément que le choix  peut tenir du coup de poker. Force est de constater que tout le monde n'a pas réussi à opter pour une monte adéquate tant les chutes furent nombreuses, notamment au virage du raccordement. 

Au milieu du ballet des drapeaux jaunes balisant les chutes, les machines de tête, à savoir la Suzuki N° 1 devant la Yamaha N°94, elle-même devant l'autre Yamaha du Yart N°7, ne poursuivaient pas les mêmes objectifs. Le Yart voulait confirmer son grand standing international et la dernière marche du podium lui semblait tout à fait intéressante à défendre.

La Yamaha  N° 94 visait quant à elle d'abord le titre mondial. Comme nous le confirmait Eric de Seynes, Directeur Yamaha Europe vers 9h du matin :

Ayant déjà couvert 75 % de la distance prévisible, il nous suffira de passer la ligne au dernier tour pour être sacrés champions du monde. C'est pourquoi nous disons à nos pilotes de rouler vite mais raisonnablement.

La Suzuki N° 1 pouvait se satisfaire d'une victoire aux 24 heures pour sauver une saison difficile.

Lors d'un ravitaillement, la N° 1 connaissait un incident de mise en route et Vincent Philippe effectuait, au moteur ratatouillant, un demi tour dans l'allée des stands. Même si l'incident moteur - peut-être dû à une fausse manœuvre du système de contrôle de traction Motec -, était rapidement écarté, la remontée en contre-sens de la voie des stands valait à la Suzuki une pénalité d'un arrêt de 30 secondes. Cette sanction justifiée eut pour effet de voir la Yamaha N° 94 revenir quasiment dans le même tour que la Suzuki. 

Alors dans ces conditions, à  11h 35, un véritable Grand Prix d'endurance débutait.  

Tout ce beau monde optait pour les pneus slicks et les temps au tour descendaient à nouveau. 

On se satisfait des positions acquises

Il semblait bien que les 3 motos de tête se contenteraient aisément du classement de midi avec la Suzuki N° 1 devant les deux Yamaha N° 94 et N°7. On pouvait également traduire les choses autrement c'est à dire : Dunlop, Michelin et Pirelli.12 motos avaient abandonné et d'autres, pas tout à fait agonisantes, tentaient de rallier l'arrivée... dans trois heures !

La bagarre n'était pas moins vive dans la catégorie Superstock où la Suzuki N° 72, suite à une chute, tentait de reprendre le leadership à la Kawasaki N° 95 à coups de record du tour. Peine perdue semblait-il, puisque l'équipe du Qatar profitait de leur avion Kawasaki pour défendre bec et ongles cette première place Superstock.

Les deux dernières heures de course semblaient bien longues tant pour les pilotes que pour les mécaniciens, souvent tentés de voler un moment de sommeil tout en restant en alerte. Les teams en lice pour les places d'honneur se préoccupaient de savoir quel pilote aurait l'honneur de passer la ligne d'arrivée, mais on peut vous assurer que la battaille ne fut pas rude pour assumer cette faveur tant la fatigue envahissait les organismes.

L'arrivée: une délivrance

Il en était un qui n'avait pas rechigné à repartir pour un bout de relais supplémentaire. Vincent Philippe éprouvé par sa chute au Bol d'or et très marqué dans sa chair, avait zappé la course au Japon, peiné en Allemagne et se posait bien des questions lors de cette semaine du Mans, alors qu'avec ses équipiers et le staff technique, tout le monde se cherchait pour la mise au point de la Suzuki N° 1. A peine avait-il enlevé son casque, le visage marqué par la fatigue, mais radieux, il lâchait comme un cri du cœur :

Cette victoire, ce n'est que du bonheur parce qu'on a galéré toute la saison, on voulait finir sur une bonne note. Voilà, c 'est fait, on est relancé pour 2015. 

Comme nous vivions les dernières minutes de course dans le stand Suzuki, où les visages restaient tendus avec malgré tout un petit sourire de délivrance, il nous a été donné de demander dans quel état d'esprit, durant la course et à l'arrivée, Erwan Nigon et d'Anthony Delhalle se trouvaient.

Anthony:

Pendant la course c'était attaque maximum pour trouver un écart sur nos concurrents. Après nous avons un petit passage de doute quand le GMT 94 nous est remonté dessus et, maintenant il semble que l'on touche à la délivrance par une victoire.

Anthony quand on produit, comme tu l'as fait, une course superbe, qu'est-ce que l'on garde comme priorité dans la tête ?

On était en difficulté depuis le début de la semaine, alors j'ai pris chaque relais avec le souci d'attaquer, sans tomber. J'ai constaté que finalement je ne me sentais pas si mal sur la moto, alors une fois installé en tête, j'ai continué sur le même rythme.

Erwan, la course c'était comment pour toi?

Cela s'est plutôt bien passé dans l'ensemble, mais ça n'était pas facile. Les choses se sont assez rapidement décantées avant la nuit et on avait 5 tours d'avance, mais au petit jour nous avons galéré à nouveau jusqu'à nous retrouver avec le GMT 94 quasiment dans le même tour. Alors là, il a fallu recharbonner.

Vous avez connu des problèmes de pneus ?

Nous avions des décisions à prendre, pas faciles. Nous ne sommes pas météorologues. Il fallait qu'on tente des coups comme avait dit Dominique Meliand (le manager) avant la course. Alors on a essayé avec plus ou moins de bonheur, mais dans trois minutes ça doit être tout bon.

Au pied du podium la joie du GMT94 éclatait sans retenue. Le titre de champion du monde était décroché, avec la manière. Les pilotes Suzuki et Yamaha, adversaires durant la saison et plus particulièrement durant toute la course, dans un mano a mano superbe sur le plan du pilotage, se donnaient des accolades fraternelles sincères, marquant ainsi le respect porté à la performance de l'autre.

Les teams engagés en catégorie Superstock ayant animé la course, y compris aux premières places, terminaient au pied du podium général, et le Junior Team LMS Suzuki, frustré de pas avoir gagné sur ses terres mancelles, se consolait avec la victoire en Coupe du monde. Le Qatar sur la Kawasaki N° 95 avait, tout au cours de l'épreuve, fait étalage des qualités de la machine et du talent de ses pilotes.

En catégorie Open, la performance de la BMW Penz 13 N° 31 a étonné bien des observateurs. Il faut sans doute s'attendre à la venue officielle, l'an prochain, de cette moto tout à fait redoutable.

A tous les niveaux, l'édition 2014 aura été un grand cru. Le public était présent, la météo capricieuse à souhait, le niveau des motos très élevé. 

Le SERT, qui courait après une victoire sur ses terres depuis des lustres (2008 dernière victoire), se sera montré habile à redresser une hégémonie compromise par des concurrents affutés, organisés et réactifs. Le système Suzuki, copié depuis des années, risque bien d'être dépassé si des solutions radicales ne sont pas trouvées pour rajeunir une moto à bout de développement . Mais ne dit-on pas que les grands champions ne meurent jamais ? 

Crédit photographique: Gilles Vitry, La Revue Automobile

Le classement:

1- N° 1 Suzuki Endurance Racing Team PHILIPPE / DELHALLE / NIGON Suzuki 812 tours

2- N° 94 Yamaha Racing - GMT 94 - CHECA / FORAY / GINES EWC 810 tours

3- N° 7 Monster Energy Yamaha - YART PARKES / LAVERTY / MORAIS Yamaha YZF - R1 804 tours

4- N° 95 Qatar Endurance Racing Team WEST / CUDLIN / AL NAIMI Kawasaki ZX 10R SST 802 tours

5 - N° 72 Junior Team LMS Suzuki GUITTET / MASSON / BLACK Suzuki GSXR - 1000 SST 800 tours

6-  N° 55 National Motos JUNOD / TIZON / FOUR Honda CB R1000 RRSP EWC 794 tours

7- N° 31 Penz13.com Racing Team PRIDMORE / BARRIER / ALLERTON BMW S1000RR OPEN 792 tours

8- N° 2 Team R2CL JONES / MARTIN / GIABBANI Suzuki GSXR - 1000 EWC 790 tours

9- N°45 Metiss JLC Moto MICHEL / HUVIER / CHERON Metiss 1000 OPEN 788 tours

10- N° 67 Starteam PAM-Racing LUCAS / HARDT / LONGEARET Suzuki GSXR - 1000 SST 788 tours

1 moto non classée et 13 abandons

 

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