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Alpine, le lin comme vecteur d'innovation

Alpine, cette marque au passé si riche qu'elle en est presque devenue une légende automobile, poursuit sa quête éperdue d'innovation. Dans un monde en quête de décarbonation, la marque au A tréma a choisi un chemin pour le moins original en misant sur le lin. Oui, vous avez bien entendu, le lin. Un choix audacieux, il faut le dire. Exit la fibre de carbone, Alpine mise sur le naturel, la légèreté et les circuits courts. Tout ça grâce à ce petit tissu venu tout droit des terres normandes, à deux pas de Dieppe, là où tout a commencé. Rien que ça.

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La grande aventure du lin version Alpine est le fruit du travail acharné de deux passionnés, Florent, le maître des accessoires extérieurs, et David, le maître des métiers amont, au sein du laboratoire Alpine, l'ALP’INNOV CENTER, basé aux Ulis. Le résultat de leur labeur, c'est une success-story qui, ma foi, n'a pas fini de faire parler d'elle.

Alpine, le lin en roue libre

Alpine, ce n'est pas seulement des bolides sur la piste, c'est aussi de la recherche en laboratoire. La marque se lance résolument dans la décarbonation, tout en gardant un œil sur l'environnement et la légèreté. Et pour cela, elle a tracé la route du lin. Prenez par exemple l'Alpine A110 E-ternité, un prototype 100 % électrique dévoilé en juillet 2022. C'est le genre de voiture qui vous fera revoir votre conception du « vert ».



Le prototype A110 E-ternité est comme un laboratoire roulant, un cobaye de la route, prêt à tester toutes les innovations qui propulseront Alpine vers le Saint-Graal du « Dream garage ». L'agilité légendaire d'Alpine est conservée, avec une légèreté qui fait rougir la concurrence, même dans le monde de l'électrique. Malgré les 392 kg de batteries à bord, elle ne pèse que 1 378 kg, soit seulement 258 kg de plus qu'une A110 thermique. Et vous savez quoi ? C'est grâce au lin. Oui, cette matière inattendue habille le capot, le pavillon, la lunette arrière, les coques de siège, et même la jupe arrière de la voiture. Tout ça, grâce à Florent et David, les deux chercheurs fous à l'origine de cette idée farfelue. Ils ont utilisé leur savoir-faire pour préparer l'avenir, en adoptant de nouvelles technologies. Le lin s'est imposé comme la solution idéale, naturelle, économe en énergie, légère, résistante, et avec d'excellentes propriétés acoustiques. Ah, et cerise sur le gâteau, ce lin provient de la Coopérative Terre de Lin, nichée près de Dieppe, le berceau d'Alpine.

Du lin, de la graine au capot

Si l'idée de l'Alpine en lin vous paraît farfelue, attendez de découvrir le processus de transformation de cette matière. Le lin, il faut d'abord des graines, de la terre, de l'eau, et bien sûr, du soleil. Avant d'atterrir dans le laboratoire d'Alpine, le lin a traversé tout un parcours. Semé entre mars et avril, il est arraché en début d'été et étendu dans les champs pour un rouissage naturel, qui sépare les fibres de lin des fibres de bois. Une opération qui dure de mi-juillet à mi-septembre. Ensuite, on le transforme en ballots de 250 kg, ligaturés avec des ficelles en lin. Il subit le teillage pour extraire les fibres longues, puis l'anas est broyé. Après, il y a l'étirage pour créer un ruban, qui est enroulé en ballots de 45 kg, prêts à être envoyés à l'usine de filature. Une fois tout cela fait, le lin tissé est prêt à partir chez Alpine.
Mais comment passe-t-on de ce tissu à un capot, un siège, ou même un toit ?
C'est là que le laboratoire d'Alpine, aux Ulis, entre en jeu. Le tissu sec est fourni par un partenaire, choisi en collaboration avec le département design d'Alpine. Ils ont opté pour le bi-biais, avec un tramé à 45° et du fil de coton, composant ainsi un tissu fait à 95 % de lin et 5 % de coton. Ensuite, il est imprégné de résine époxy grâce au processus d'infusion, pour obtenir un mélange final de 80 % de lin et 20 % de résine. Le tissu est ensuite positionné dans un moule, en veillant à son orientation et au nombre de plis nécessaires. La surface extérieure, celle qui sera visible, est placée au plus près du moule. On recouvre le tout d'une bâche, on aspire l'air, et une fois la pièce démoulée, on la peaufine à la main et on l'assemble dans l'ALP’INNOV CENTER.





La performance avant tout

Alpine, c'est la quête incessante de la performance, que ce soit sur la piste ou dans les laboratoires. On pourrait même dire que c'est une obsession. D'ailleurs, si le Catamaran We Explore de Roland Jourdain, qui a décroché la deuxième place dans sa catégorie lors de la Route du Rhum 2022, arbore un pont en lin, c'est grâce à Terre de Lin, le même fournisseur de matière première pour Alpine. Et ils n'en sont pas là. Ils cherchent sans relâche des résines biosourcées qui répondront un jour à leurs standards exigeants. L'objectif ?
La décarbonation totale. Là où Alpine se démarque, c'est dans la capacité à repousser les limites du possible. Un capot en lin peut peser 20 % de plus que son homologue en carbone, mais grâce à leur expertise en composites, ils peuvent intégrer davantage de fonctions, gagner en légèreté, et réduire le nombre de pièces. Les moules en lin ? Pourquoi pas ! Florent laisse planer le doute : « On peut imaginer, à l'avenir, produire indifféremment en carbone, verre ou lin avec un même moule. » Cependant, n'envisagez pas encore d'Alpine de série en lin. Pour l'instant, c'est un rêve un peu lointain, même si les premières esquisses sont prometteuses.

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