Essai Audi R8 spyder : donne m'en plus !

Dès son apparition, l'Audi R8 est passée entre les mains du Gentleman Racer, qui a laissé sa signature caoutchouteuse sur le mont Ventoux. Moins puissante de 70 ch, la version Spyder met sur la table d'autres arguments. Le grand air suffit-il pour oublier le déficit de puissance et sa sœur plus puissante ?

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Une surcharge pondérale maîtrisée
Comme la génération précédente, et l’ensemble du parterre de GT dans le paysage automobile, l’Audi R8 V10 (aussi essayée au milieu des moutons) passe par la case Spyder. Un passage nécessaire pour offrir aux passionnés un plaisir différent, souvent décuplé avec la tête dans les étoiles, au prix de quelques concessions. Avec l’Audi R8 Spyder, cela commence, c’est inévitable, par une surcharge pondérale. Les quelques renforts de caisse nécessaires posés par les ingénieurs font grimper le poids du superbe tas d’aluminium de 80 kg.
Une gourmandise métallique qui porte désormais la masse totale à 1 720 kg à vide. Si la valeur se situe dans le haut du panier, grevant quelque peu les performances, l’Audi R8 Spyder garde une longueur d’avance au chapitre rigidité, et donc au niveau du comportement routier. Bien né avec une construction en aluminium renforcé de fibre de carbone, le Spyder est plus rigide de l’ordre de 50 % par rapport à la précédente mouture.

Avec le bout des doigts
Il faudrait passer de longues heures sur plusieurs terrains pour déceler, peut-être, quelques vibrations ou grincements parasites, mais l’Audi R8 Spyder s’est montré, sur notre terrain d’essai, tout aussi rigide que le coupé précédent. Le cabriolet s’est aussi révélé impérial : pas réputé pour être paresseux, il n’a que faire des pif-paf, qu’il avale avec facilité, et s’accommode magistralement des quelques irrégularités de la route, avec une suspension adaptative ferme, mais toujours conciliante. Sur ce tableau, le Spyder joue à la limite entre les sensations de tapis volant de n’importe quelle berline ouatée et la rigueur chirurgicale dune pistarde.
Et c’est toujours le cas au fil des paramétrages prédéfinis du Drive Select mais qui, hélas, même en positon Dynamic, n’améliore pas la consistance de la direction. Bien que doté dune précision de haut vol, le volant à méplat se manipule du bout des doigts, sans efforts, et ne traduit pas ce qui se passe sous les deux 245/30 R20. Comme sur n’importe quelle citadine, ce qui n’est pas forcément le plus attendu dans une Audi R8 Spyder, dont la direction a la chance de ne pas supporter un pesant moteur.

Concert metal à ciel ouvert
Cette pièce maîtresse, qui justifie le prix que réclame le cabriolet, se situe en position centrale arrière. Le V10 5,2 litres, commun avec la Lamborghini Huracan, est l’un des derniers remparts avant la suralimentation pour tous. Revers de la médaille, sa fiche technique affiche, non sans fierté tout de même, une puissance de 540 ch et 540 Nm de couple. À la bataille des chiffres, la comparaison est difficilement tenable face à la concurrence suralimentée, mais elle se rattrape toutefois avec la transmission Quattro et la boîte S-Tronic a sept rapports. Si la poussée est un peu moins physique que sur certaines concurrentes, la R8 Spyder affiche en revanche des performances qui n’ont pas à rougir, avec un 0-100 km/h en 3,6 secondes, un 0-200 km/h en 11,8 secondes et une vitesse maximale de 318 km/h.
Contrairement aux blocs qui se font souffler dans les chambres, le 5,2 litres affiche un caractère plus trempé. Il grimpe graduellement jusqu’à près de 6 500 tr/min, au pic de couple, et explose encore plus vigoureusement sur les dernières graduations, avant d’aller se jeter sur la zone rouge à 8 500 tr/min. Il dispose aussi d’une bande originale délirante qui, dans le cas d’un cabriolet de cette envergure, est un critère qui a son importance. La sonorité vire du grave aux aigus au fil du tachymètre, avant de lâcher des coups de pétard au lever de pied, vous donnant l’impression d’embarquer une fanfare de carnaval brésilien. Un orchestre qui s’apprécie depuis un habitacle technologique (le jeu de lumière du Virtual Cockpit est splendide à l’approche de la zone rouge), à la finition très rigoureuse, mais qui manque d’exotisme.
La boîte est aussi douce dans les changements de pignons que rapide : comprenez que vous n’aurez pas de violents à-coups, même avec le mode de conduite le plus sportif. Cette docilité renforce le sentiment de facilité délivré par le cabriolet allemand. La transmission intégrale verrouille la sportive au sol et elle demeure imperturbable, mais elle sait aussi se montrer vivante sur demande avec la majorité du couple envoyée a l’arrière. Prévoyez toutefois un peu de cœur et de l’espace pour ces quelques cabrioles. Non pas que les réactions soient vives, bien au contraire, mais 1,8 tonne qui se met en mouvement réclame plus de concentration que prévu.

Un Spyder proche de la perfection
L’Audi R8 Spyder est une des dernières représentantes de son espèce et synthétise ce qui se fait de mieux en matière d’automobile sportive, d’automobile passion : un gros moteur atmosphérique hurlant, en position centrale arrière et appréciant le grand air. Le sèche-cheveux qui aspire l’air naturellement et les badauds par paquets est d’une incroyable facilité, et doté d'une polyvalence remarquable. Elle rappelle ce fameux coupé japonais apparu en 2009, qui éclipse tout ce que l’on connaît de la majorité des objets roulants et redéfini quelque peu le niveau de performance de la catégorie.
Objectivement, elle réussit sur tous les tableaux, notamment avec son comportement maîtrisé, sa tenue sérieuse et sa direction chirurgicale, qui en font une copie parfaite. Mais le revers de la médaille est inévitable pour cette machine bourrée de compromis. Toutes notions acoustiques mises a part, ses paramètres réglés vers la facilité ne parviennent pas à provoquer le frisson. Notez que le constat peut aussi se faire dans l’autre sens, avec un cabriolet presque sans âme, si le V10 5,2 litres n’était pas là pour vous faire dresser les poils et cheveux.

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