Essai Audi e-tron S Sportback : S comme Sportif, vraiment ?

Un SUV coupé électrique et sportif. À part le dernier terme, il y a à peu près tout ce que je fuis dans le domaine automobile, ou en tout cas ce qui m’émeut le moins, disons. Je ne comprends pas spécialement la mode des SUV coupés, je ne suis pas convaincu par la technologie électrique actuelle et un véhicule sportif haut sur patte pesant plus de 2 tonnes est plus proche de l’oxymore que d’une promesse de plaisir. Mais bon, comme tout le monde, je ne fais pas toujours ce que je veux et c’est donc sans passion que je me rends sur ces essais entre Paris-centre et le circuit routier de Mortefontaine dans l’Oise.

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Diesel, essence, électrique… Chez Audi, il n’y a pas de jaloux et chaque modèle a droit à sa déclinaison plus sportive S. Visuellement, la recette est connue et toujours aussi efficace avec un bouclier avant plus agressif, des arches de roues élargies (23 mm de chaque côté) ou encore des jantes spécifiques plus grandes – ici de 21 pouces. Modèle électrique oblige, cette déclinaison fait l’impasse sur le bouclier arrière pourvu de plus grosses sorties d’échappement. Si ces retouches esthétiques ne transfigurent pas le modèle, ce rôle est réservé aux surpuissantes versions RS, l’ensemble se veut un peu plus aguicheur.

Qualité et sobriété
L’habitacle n’offre pas de changement plus radical ; tout au plus, les sièges Sport embossés du logo S où le bouton de démarrage cerclé de rouge m’indique que je suis dans un modèle à la vocation plus sportive. Quoi qu’il en soit, la qualité perçue des assemblages et les matériaux utilisés (cuir, alu brossé, etc.) ne souffrent pas la critique. Heureusement me direz-vous pour un véhicule dont les tarifs débutent à 99 200 €, auxquels il est de bon ton de rajouter quelques coûteuses options.


Ainsi que nous l’évoquions lors de notre essai de l’e-tron Sportback, l’espace intérieur n’est pas si réduit malgré ce toit plus plongeant et les passagers arrière ne seront pas malheureux tant qu’ils pourront éviter la place du milieu ; tandis que le volume de chargement du coffre s’établit à 615 litres.


Nous vous éviterons la liste exhaustive des aides et assistances à la conduite, dans l’ensemble il y a tout ce que vous pouvez espérer et quelques autres en plus et les plus technophiles pourront cocher l’option des rétroviseurs-caméras que je me félicite de ne pas avoir sur mon modèle d’essai. C’est en effet peu de dire que je ne suis pas convaincu en l’état.

L’e-tron S boxe dans la catégorie poids lourd

Finalement, être sportif ne signifie en rien un gabarit en particulier et entre un lanceur de marteau et un marathonien, il y a une multitude de nuances possibles. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour l’automobile ?


Il suffit de définir de quel type de sport l’on parle, et si je suis plutôt porté sur le « Light is right » de Collin Chapman, il n’empêche que certains véhicules défient les lois de la physique. C’est le cas de mon e-tron S Sportback du jour, jugez plutôt : 3 moteurs électriques pour un total cumulé de 503 ch (95 ch de plus que l’e-tron 55) et 973 Nm qui ont la lourde de tâche de déplacer les 2 655 kg du bestiau. Ils le font plutôt bien, d’ailleurs, puisque le SUV couvre le 0 à 100 km/h en seulement 4,5 secondes.


Le trajet entre Paris et Mortefontaine démontre rapidement que malgré les jantes de 21 pouces et le châssis affermi, l’e-tron S est un compagnon de voyage agréable qui ménage un confort bienvenu grâce à l’amortissement piloté. Néanmoins, sur route dégradée il se montre sensiblement trépidant, les suspensions ayant la lourde tâche de maintenir le poids élevé. Je joue des palettes au volant pour gérer la force du frein moteur et ainsi attraper le moins souvent possible la pédale dédiée tout en profitant du silence de fonctionnement.


Avant de partir pour quelques tours dynamiques sur le circuit routier, nous faisons un passage par l’aire plane pour quelques ateliers dynamiques. Nous testons l’accélération qui nous colle au fond de notre siège, mais surtout appréhendons la gestion électronique qui s’occupe des deux moteurs arrière. C’est donc un moteur par roue à gérer au mieux pour envoyer la dose nécessaire de couple afin d’aider l’arrière à enrouler. Ce système remplace donc le classique différentiel à glissement limité et démontre une efficacité certaine sur le sol humide qui m’accompagne aujourd’hui.


Sur le routier, piste fermée qui imite une route départementale moyenne, je peux enfin lâcher les chevaux et profiter de la direction recalibrée un peu plus directe et ferme. Les accélérations et relances sont de premier ordre, néanmoins je suis vite déçu par le manque de sensations. L’e-tron S est très feutré et terriblement avare en sensations alors que le tachymètre affiche des vitesses indécentes. Quant à la tenue de route, malgré l’ensemble des technologies embarquées, elle est plus dynamique certes tout en demeurant assez neutre, étonnamment stable pour un véhicule si lourd, mais la physique est ce qu’elle est et le train avant a tendance à élargir la trajectoire dès que l’on brusque un peu l’e-tron S Sportback.

Conclusion

Finalement, le sigle S ne se veut pas forcément plus sportif, mais avant tout plus dynamique tout en jouant à fond la carte du Grand Tourisme. Mais à ce petit jeu, les S6 et S7 récemment essayées et converties au diesel sont bien plus intéressantes pour avaler de nombreux kilomètres sans se soucier de la recharge. En effet, sans forcer, vous aurez un mal fou à descendre sous les 30 kWh aux 100 km et n’espérez pas parcourir plus de 300 km d’une traite.

Les performances

Performance : 4 /5
Tenue de route : 4 /5
Habitabilité : 3/5
Consomation : 2/5
Prix : 3 /5
Confort : 5 /5

Verdict : la raison

Verdict : la passion

Les

- Performances
- Dynamisme étonnant
- Finition

Les

- Autonomie
- Tarifs costauds

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