Essai Citroën ë-Berlingo XTR : Le cubisme c'est bien

La vie à bord, ou comment survivre en famille

Avant même de rouler, le Berlingo se distingue par son sens pratique. Les portes coulissantes transforment le stationnement parisien en jeu d’enfant : plus besoin d’ouvrir en biais, plus de batailles avec la voiture voisine. Les enfants montent et descendent comme dans un train. À l’intérieur, trois sièges indépendants accueillent les passagers arrière, avec suffisamment de place pour installer trois sièges auto sans devoir négocier une trêve familiale.

Le Modutop au plafond devient un terrain de jeu, les 26 rangements répartis partout offrent autant de cachettes qu’un grenier. Et le coffre ? Près de 775 litres en configuration 5 places, et jusqu’à 4000 litres sièges rabattus. On ne transporte pas des bagages, on déménage. Le Berlingo ne cherche pas à être élégant : il est pratique, et ça change tout.

Le silence et la douceur sur la route

Une fois lancé sur l’A6, l’ë-Berlingo XTR dévoile son atout majeur : le silence électrique. Plus de vibrations, plus de grondements. Les enfants s’étonnent :
— “Papa, on entend rien !”
— “Justement, c’est ça l’idée.”

Ce silence met en valeur un autre trésor Citroën : les suspensions moelleuses. Les ralentisseurs, les pavés, les raccords d’autoroute disparaissent comme par magie. Même à 110 km/h, la caisse flotte sans jamais se désunir. On n’est pas dans une sportive, mais dans un cocon ambulant. Sur les départementales de Seine-et-Marne, la batterie posée dans le plancher assure une stabilité étonnante. Le cube se tient bien, sans roulis excessif, et les palettes de régénération ajoutent une petite touche ludique.

Fontainebleau, terrain de jeu grandeur nature

Arrivés en forêt, le Berlingo révèle son autre talent : celui d’être une machine à vivre. Le coffre s’ouvre comme une baie vitrée, engloutissant trottinettes et sacs de pique-nique. La tablette escamotable devient table de déjeuner. Les enfants transforment l’habitacle en salle de jeux, chacun revendiquant son espace. Dans ce cube, tout est pensé pour le quotidien : modularité, rangements, volume. On comprend pourquoi les familles lui pardonnent son look utilitaire : il simplifie la vie, tout simplement.

Mais il faut bien rentrer. Et là, la vérité crue s’affiche sur l’ordinateur de bord : la consommation. Sur autoroute, entre 26 et 28 kWh/100 km. Sur nationales, 22 kWh/100 km. En périurbain, on descend à 18 kWh/100 km. Autrement dit, l’autonomie fond vite. Avec ses 51 kWh utiles, le ë-Berlingo peine à dépasser 200 km sur voie rapide. Fontainebleau, ça va. Lyon, beaucoup moins.

La recharge, entre patience et philosophie

Retour sur l’A6. Pause obligatoire à une borne rapide. Le ë-Berlingo accepte jusqu’à 100 kW en courant continu : 80 % récupérés en 30 minutes. Une demi-heure, ce n’est rien pour un adulte seul. Mais avec trois enfants affamés, c’est une éternité. On improvise un pique-nique sur la tablette du coffre, on achète des chips hors de prix, et on se dit qu’un plein de diesel prend décidément trois minutes. À domicile, la wallbox 7,4 kW fait le travail en 7 heures, mais une simple prise demande 15 heures. Autant dire qu’il faut organiser sa vie autour de la prise.

Et c’est là que le Berlingo révèle ses deux visages. En ville, en périurbain, pour les trajets du quotidien, il est imbattable : silence, confort, modularité. Mais pour les gros rouleurs, l’équation ne tient pas. Citroën le sait et garde le BlueHDi 130 EAT8 au catalogue. Pour traverser la France sans planifier chaque arrêt, le diesel reste la solution rationnelle.