Talon Piste x Exclusive Drive : chronique mécanique du machisme ordinaire

Voilà une excellente idée, allier le plaisir du pilotage automobile à de bonnes causes. Pour le Téléthon, de très nombreux clubs automobiles à travers la France proposent par exemple des baptêmes payants dont l’argent (plusieurs dizaines de milliers d’euros sur l’ensemble du territoire) est entièrement reversé à l’AFM. C’est donc avec une certaine bienveillance que nous nous rendons sur le circuit Bugatti au Mans, lors de l’événement Exclusive Drive du 23 mars, pour assister au Girls Charity Racing Challenge.

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L’idée est simple et on ne peut plus louable : des femmes viennent défendre, sur la piste, l’association de leur choix. Une dizaine de marques automobile se prêtent au jeu pour autant de pilotes et d’associations. Nous trouvons ainsi Lamborghini avec son gros SUV Urus, Aston Martin avec sa dernière Vantage (lire notre article), Toyota avec sa petite Yaris GRMN, Peugeot avec la 308 GTI ou encore BMW avec une M2 et une M3 tandis que le groupe Renault est représenté par une Mégane 4 RS et une Alpine A110. Bref, que des modèles sportifs et récents, sauf du côté d’Opel qui joue la carte vintage avec une magnifique Manta A « Spa Francorchamps » qui fut pilotée par Walter Röhrl lors des 24 Heures de Spa en 1975.

Des célébrités engagées

Nous ne parlons pas ici que de l’engagement que les femmes du jour mettront dans leur pilotage, mais de celui, caritatif, qu’elles ont pour les associations qu’elles soutiennent. Nous trouvons ainsi les Miss France 2019 et 2017, Vamalaima Chaves et Alicia Aylies, l’humoriste Caroline Vigneaux qui n’aura eu de cesse d’amuser la galerie, la comédienne Barbara Schulz, mais aussi la vice-présidente de PSA Event, Aude Brille, ou encore l’actrice Mélanie Maudran et la chanteuse Alma.

Sur la piste, point de course ni de chrono, et c’est bien heureux lorsque l’on voit l’énorme et surpuissant Urus fondre sans vergogne sur la frêle Yaris. Ce sont sur des critères plus subjectifs, mais plus intéressants, que seront jugées les participantes comme l’indique le court communiqué de presse : « Après une série d’entraînements au côté d’un coach, professionnel du pilotage, les participantes sont notées, lors d’une finale, où elles se retrouvent seules à bord. Sont pris en compte, des critères tels que le respect des trajectoires, la qualité des freinages, le contrôle de la vitesse en courbe, ou la maîtrise globale de la voiture ».

Il faut bien avouer que certaines se sont vite prises au jeu, avec plus ou moins de facilité, certains modèles à boîte automatique comme la majeure partie du plateau étant tout de même plus simple à prendre en main que l’ancienne Opel à boîte manuelle inversée (la première en bas). Mais c’est là tout l’intérêt du jugement, de pouvoir prendre en compte ces faits !

Indirectement, sur la piste, ce sont des associations telles que AFSOndine, les bonnes fées, Caméléon, Mécénat Chirurgie Cardiaque ou encore la Fédération Nationale Solidarité Femme, Wings 4 life et l’association Sclérose Tubéreuse de Bourneville qui se sont affrontées, sachant que toutes recevaient une certaine somme et que les trois sur le podium bénéficiaient d’un bonus non négligeable.



Doit-on tout accepter au nom de la bonne cause ?

Vous avez 4 heures !

Nous savons bien que nous sommes là pour parler bagnoles, gomme brûlée, trajectoire et sueur. Il n’empêche, cet événement a un arrière-goût de machisme ordinaire dont nous n’arrivons pas à nous défaire. Macho, le milieu automobile, malheureusement, l’est depuis bien longtemps et les rares femmes qui s’y aventurent sont avant tout considérées comme… des garçons manqués et sont de toute manière jugées moins aptes que les hommes à « faire des chronos ».

Pourtant, s’il y a bien un sport où la force physique n’est pas primordiale, c’est bien le sport mécanique. Avec ce genre d’événement, qui part sans aucun doute d’un bon sentiment, ne faisons-nous pas encore passer ce sempiternel mauvais message ? Ici, l’on met en avant des femmes dans l’automobile sauf que… bah, elles ont besoin d’être coachées, voyez-vous. Très bien, alors penchons-nous sur les coaches qui, sans surprise, sont très majoritairement des hommes.

Des hommes connus et possédant pour le moins un sacré coup de volant en plus d’autres qualités. Nous retrouvons ainsi, entre autres, Paul Belmondo, aussi bon sur la piste que sur les planches, Nicolas Prost, qui n’a pas grand-chose à prouver derrière un volant, Jean-Philippe Imparato qui tire Peugeot vers le haut avec un certain succès ou encore notre confrère Pierre Lefèvre, rédacteur en chef de L’Automobile Magazine et apte à prendre le volant de n’importe quel véhicule sans la moindre crainte.

Il n’empêche, pourquoi cantonner les femmes à ce simple rôle d’ambassadrice d’association ? Pourquoi des personnalités masculines ne pourraient-elles pas se prêter au jeu sans être « coach » ? Nous remercierons tout de même Opel qui, non contente de venir avec une auto de 1975, a fait appel à la pilote française Inès Taittinger, déjà participante aux 24 Heures du Mans, excusez du peu, pour un équipage entièrement féminin, malheureusement victime d’un problème mécanique sur la Manta.

Pourtant, nous ne pensons pas que l’événement soit créé en ce sens, mais nous aimerions simplement le voir évoluer pour éviter les poncifs tristement habituels qui font défiler les personnalités telles des mannequins sur un podium avant de retrouver leur coach masculin et d’aller faire une pause maquillage entre deux sessions. À quand des personnalités masculines peu aux prises avec la chose automobile et coachées par des Inès Taittinger et autres Vanina Ickx, Mathilde Rhiel ou Jessica Tarrière ?

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