C’est Markus Haupt, PDG par intérim de CUPRA, qui a levé le voile – façon de parler, puisqu’on ne voyait surtout pas grand-chose derrière l’habillage graphique – lors d’un événement organisé par le Groupe Volkswagen. Un moment placé sous le signe du clin d’œil : la voiture est encore masquée, mais l’intention est limpide. CUPRA s’apprête à lancer sa première urbaine électrique et veut que tout le monde le sache, même si la vraie première mondiale est promise pour 2026.
La Raval, c’est une citadine, mais qui se prend pour une grande. Quatre mètres de long, pile ce qu’il faut pour se faufiler entre deux SUV mal garés devant une boulangerie, mais assez pour loger une plateforme MEB+, des batteries de plusieurs tailles, une traction avant et tout l’attirail technologique habituellement réservé aux segments supérieurs.
En clair, Volkswagen a décidé que Martorell (Espagne) deviendrait l’usine des urbaines électriques du groupe. Après la Raval, viendra la Volkswagen ID. Polo. Deux cousines, deux philosophies, mais un même objectif : démocratiser la voiture électrique en Europe. Traduction : proposer des modèles qui ne nécessitent pas de vendre un rein pour signer le bon de commande.
Pourquoi « Raval » ? CUPRA n’a pas choisi un quartier calme et bourgeois. Le Raval, à Barcelone, c’est le cœur battant, populaire, parfois rugueux, toujours vivant. C’est ce qu’ils veulent mettre dans la voiture : du caractère, du mouvement, et un parfum de contre-culture qui sied à l’image un peu rebelle de la marque.
D’ailleurs, le camouflage qui recouvrait la voiture à Munich reprenait la carte du quartier. Une manière d’annoncer que la Raval n’est pas seulement un produit industriel, mais aussi une pièce d’identité urbaine. On attend de voir si, à l’intérieur, CUPRA aura eu l’idée de mettre des sièges en skaï façon bar à tapas ou des inserts de tableau de bord rappelant les carreaux de Gaudí.
CUPRA aime les symboles. La Raval sera son huitième modèle, lancé alors que la marque soufflera sa huitième bougie en 2026. Les responsables de la communication ont probablement collé un post-it avec le chiffre « 8 » partout dans leurs bureaux pour ne pas oublier de le mentionner à chaque interview. Huit ans, huit voitures, un million de livraisons en ligne de mire. On dirait presque un jeu de société : avancez votre pion de deux cases si vous trouvez la rime facile avec « Raval ».
Sous ses airs de citadine raisonnable, la Raval cache des gênes bien CUPRA. Châssis abaissé de 15 mm, suspension spécifique, direction progressive et ESC Sport. On nous promet que chaque version donnera au conducteur l’envie de conduire – ce qui, mine de rien, n’est pas toujours garanti avec une citadine électrique.
Mais c’est surtout la version VZ qui attire l’œil (et le portefeuille). Avec 166 kW, soit 226 chevaux tout de même, des sièges baquets CUPBucket, une suspension pilotée DCC Sport, un mode ESC OFF, des jantes de 19 pouces chaussées en 235 mm et un différentiel électronique VAQ, la Raval VZ semble vouloir transformer un trajet vers le supermarché en stage de pilotage improvisé. À condition, bien sûr, que le rayon surgelés ne soit pas trop loin, parce qu’avec des pneus pareils, on risque surtout d’y laisser un budget croissants.
CUPRA n’a pas oublié que son public aime les joujoux technologiques. On retrouvera donc le Travel Assist, avec assistant de changement de voie et lecture des feux tricolores (ce qui permettra de vérifier si votre perception des couleurs est correcte), l’Intelligent Park Assist et une caméra 360° pour se garer sans racler la jante droite sur le trottoir.
Et, parce que l’électrique n’a pas encore inventé le plein en deux minutes, la Raval sera livrée avec une recharge DC de série. Pratique pour regagner 80 % d’autonomie en un café serré, à condition que la borne en face du bistrot ne soit pas squattée par un SUV hybride rechargeable oublié depuis la veille.
L’usine espagnole va devenir le berceau de cette nouvelle génération de citadines électriques du Groupe Volkswagen. C’est un choix stratégique, mais aussi un clin d’œil au rôle que CUPRA veut jouer : être l’avant-garde méditerranéenne de la mobilité électrique. Le quartier Raval s’exporte donc à Munich, puis sur toutes les routes européennes.
Plateforme : MEB+
Transmission : traction
Longueur : 4,046 m
Largeur : 1,784 m
Hauteur : 1,518 m
Empattement : 2,600 m
Ceci est évidemment indicatif. Les chiffres définitifs viendront avec la version de série. Mais cela suffit déjà à imaginer une petite électrique plus large qu’une Clio, plus basse qu’une 208, et avec un empattement qui devrait loger correctement les batteries sans trop rogner sur l’espace à l’arrière.
En 2026, quand la Raval sortira de sa couverture cartographique pour se montrer nue, elle sera jugée sur deux points : son prix et son autonomie. CUPRA peut bien parler d’ADN sportif et de châssis affûté, si la voiture sort à 35 000 € minimum pour 300 km d’autonomie, le quartier Raval risque de rester très loin de la majorité des automobilistes européens.
Mais si le groupe parvient à faire de cette citadine une électrique réellement abordable – disons entre 25 000 et 28 000 €, bonus compris – alors la Raval pourrait incarner ce que beaucoup attendent : une petite voiture qui électrifie sans ruiner. Et là, oui, Barcelone pourrait devenir la capitale électrique de l’Europe.
2024 5900 km Automatique Diesel
2025 6500 km Automatique Diesel