Quand l’idée de partir à l’aventure au milieu de l’hiver s’est imposée, je me suis tourné vers le Citroën Holidays pour vérifier s’il pouvait concrétiser ce rêve de vanlife. Le programme prévoyait cinq jours de voyage, à trois personnes, pour une boucle Paris–Genève–Montreux–Annecy–Paris, sur plus de 2000 km. Les conditions météo annonçaient de la neige dans les Alpes, du froid, de la pluie parfois, et de longues portions d’autoroute. Le Holidays, dans sa configuration la plus équipée (Pack Max avec BlueHDi 180 et boîte auto EAT8, facturée 64 440 euros), promettait suffisamment de ressources pour affronter ce périple sans trop de contraintes.
LE NOUVEAU VISAGE CITROËN
En découvrant le van, on est d’abord attiré par le nouveau logo Citroën, intégré à une face avant sobre. Le look général ne trahit pas l’origine utilitaire, mais il conserve la patte de la marque grâce à des optiques expressives et une calandre mise en valeur par ces chevrons repensés. La silhouette mesure 4,98 m de long, 1,92 m de large et 1,99 m de haut (toit fermé). Cette hauteur lui permet de passer sous la barre des 2 m, pratique pour accéder à certains parkings. Le design n’a rien d’ostentatoire, ce qui peut servir si l’on veut se poser pour la nuit dans un coin tranquille, sans trop attirer l’attention. J’ai apprécié que Citroën ait conservé un esprit compact, plutôt que d’en faire un fourgon volumineux.
Une fois au volant, on ressent le gabarit d’un van, avec une position de conduite plus élevée qu’un monospace. Cette version Pack Max embarque un moteur BlueHDi 180 ch, couplé à une boîte auto EAT8, un duo qui se montre convaincant sur autoroute et sur routes de montagne. Le couple de 400 Nm autorise des dépassements sereins, même en étant chargé de bagages et de matériel. La direction n’a pas la précision d’une berline, mais on s’y fait vite. À 130 km/h, le van maintient le rythme sans broncher, et la consommation reste raisonnable (environ 8,9 l/100 km) sur un itinéraire mêlant ville, autoroute et cols enneigés. Les aides à la conduite (régulateur adaptatif, radars, caméra 180°, détection d’angles morts) soulagent pour les longs trajets. On est loin de la conduite « monospacesque » d’un SUV, mais le confort demeure satisfaisant pour affronter 2000 km en quelques jours. Nous n’avons pas eu à regretter d’éventuels « manques » sur la route, car la climatisation bizone et la clim arrière maintiennent une température agréable, même quand la neige tombait en continu autour de Montreux.
UN TOIT RELEVABLE SANS PANNES POSSIBLES
La caractéristique phare de ce Holidays, c’est son toit relevable manuel, à l’ancienne, sans vérins électriques ni système automatisé. Il suffit de déverrouiller une poignée et de pousser. D’aucuns y verront une simplicité rustique, mais c’est un gage de fiabilité : on ne craint pas une panne qui bloquerait le toit en position haute. À plusieurs reprises, nous nous sommes installés pour la nuit en montagne, avec des températures négatives, et tout s’est bien passé. La hauteur sous plafond s’avère suffisante pour se tenir debout, préparer un repas ou simplement se dégourdir les jambes après une journée de conduite. Les matériaux ne sont pas luxueux, mais l’étanchéité et l’isolation semblent correctes : pas de courant d’air glacial, ce qui contribue au sentiment de confort.
Dans cette configuration Pack Max, le Holidays dispose d’une cuisine complète : un réchaud gaz deux feux, un évier alimenté par 10 l d’eau propre, un frigo à compression (et non une glacière), ainsi qu’une douchette extérieure reliée à un réservoir de 25 l pour rincer du matériel ou se rafraîchir quand il fait plus chaud. Les deux portes coulissantes offrent un accès facile de chaque côté, ce qui est appréciable pour charger ou décharger. Les sièges avant pivotent sur eux-mêmes, et se trouvent chauffants, tout comme le volant. C’est un vrai plaisir de se poser le soir, face à un panorama à couper le souffle, et de savourer le fait d’avoir tout le nécessaire à portée de main, depuis la lumière intérieure jusqu’au frigo, sans oublier la possibilité de cuisiner un plat chaud. Cependant, la douchette n’est pas dotée d’eau chaude, ce qui peut en rebuter certains en hiver.
Le couchage du haut mesure 195 x 120 cm : c’est, à mon sens, la meilleure place pour passer la nuit. Le matelas y est très correct, la température reste homogène grâce au chauffage stationnaire Webasto, et on se réveille souvent avec une vue imprenable, comme ce fut le cas sur les hauteurs de Montreux, où la toile du toit laissait passer un léger clair de lune, sans trop de reflets. En bas, la banquette se transforme en un lit d’appoint de 190 x 115 cm, plus adapté à une ou deux nuits de dépannage : on dort directement sur les sièges, et il manque un surmatelas pour atténuer la fermeté de l’assise. À trois, nous nous sommes arrangés pour limiter ce couchage du bas, qui n’est pas forcément le plus douillet. On aurait apprécié que Citroën fournisse d’office un petit matelas complémentaire.
Le van stocke deux réserves d’eau distinctes : 10 l pour la cuisine (eau propre), et 25 l pour la douchette extérieure. Cela s’est avéré suffisant pour nous laver les mains, rincer quelques ustensiles ou faire la vaisselle, mais il ne faut pas compter sur des douches prolongées. Concernant l’électricité, nous avions un panneau solaire de 120 W en renfort de la batterie auxiliaire, de quoi couvrir l’éclairage, le fonctionnement du chauffage et du frigo. Au bout de plusieurs jours en montagne, tout fonctionnait encore parfaitement, sans recharger sur une borne. En revanche, la prise 230 V intérieure nécessite un branchement externe, ce qui nous a privés de la possibilité de brancher un ordinateur portable exigeant. Nous avons parfois pu improviser une session de télétravail via les simples ports USB, mais c’est insuffisant pour alimenter un PC gourmand, ce qui reste un point négatif si on vise une autonomie totale.
UN PÉRIPLE DE 2000 KM POUR TESTER LA POLYVALENCE
Pendant cinq jours, nous avons alterné autoroutes, petites routes enneigées et traversées de zones urbaines. La boîte auto EAT8 a su gommer le stress dans les bouchons, le couple du moteur (400 Nm) nous a facilité la montée dans les pentes, et la direction s’est avérée suffisamment précise pour se faufiler dans les vieux quartiers d’Annecy. Le régulateur adaptatif aide énormément sur les grands axes, et la détection d’angles morts rassure quand on double un camion. Nous avons parfois stationné sur des spots isolés, comme une aire de parapente dominant le lac d’Annecy, pour profiter d’un coucher de soleil magique. Nuits glaciales, matinées brumeuses : rien n’a perturbé le Holidays, qui a su rester confortable et tempéré grâce à son chauffage. Nous n’avons pas utilisé les toilettes chimiques amovibles, préférant opter pour des toilettes publiques quand nous en trouvions. Il est clair que ce genre de commodités reste un plus, mais chacun peut adapter son usage en fonction des lieux traversés.
LE BUDGET
Proposé à 63 890€ euros dans cette version Pack Max avec moteur BlueHDi 180, ce Citroën Holidays se positionne comme le van le moins cher de sa catégorie, surtout au vu de l’équipement embarqué. Les concurrents plus connus, tels que le Volkswagen California ou le Mercedes Marco Polo, affichent des prix bien plus élevés dès qu’on monte en gamme. Même un Renault SpaceNomad, aux prestations un peu plus généreuses en volume d’eau ou en rangements, reste plus coûteux à motorisation comparable. Il s’agit donc d’un choix malin pour qui veut s’initier à la vanlife, tout en bénéficiant d’un toit relevable « anti-panne » et de prestations comme le chauffage stationnaire. On peut toujours regretter certains compromis, tels que l’absence de prise 230 V en pleine autonomie, ou le lit du bas sans surmatelas dédié. Mais l’économie réalisée par rapport à la concurrence est substantielle.