Essai Skoda Enyaq 85 : On change … mais sans changer

Gare de Lyon, 7h00 tapantes. Paris s’éveille dans une froideur mordante, le thermomètre accroché à un timide 6°C, l’haleine visible, et les parisiens déjà pressés de regagner leurs bureaux ou de se plaindre de la SNCF. Pour ma part, un TGV m’attend, direction Montpellier. Une mission simple en apparence : prendre le volant du tout nouveau Skoda Enyaq 85, fraîchement restylé, et parcourir la région viticole autour du Château Capitoul. Une escapade de 800 kilomètres, ponctuée de routes sinueuses, de lignes droites bordées de platanes, et d’un SUV électrique supposément transformé.
Trois heures et onze minutes plus tard (et quelques instants de retard syndicaux inclus, tradition oblige), je pose enfin le pied sur le quai montpelliérain. Changement d’ambiance : ciel bleu éclatant, soleil haut et température flirtant avec les 20°C. L’hiver est resté à Paris, et la chaleur méditerranéenne m’accueille bras ouverts. C’est là, devant moi, qu’apparaît la bête du jour : un Skoda Enyaq 85 Sport Line, habillé d’un Bleu Énergie aussi brillant qu’un ciel d’août. Il semble presque heureux de me voir. Le sentiment est réciproque.

Un lifting sans chirurgie

Skoda n’a jamais été adepte des bouleversements esthétiques. Et ce facelift, c’est du Skoda pur jus : discret, mesuré, mais soigné. La face avant a été repensée dans les codes du nouveau langage stylistique baptisé Modern Solid. Comprenez : une calandre « Tech-Deck » noire, élargie et discrètement lumineuse, encadrée par des optiques scindées en deux niveaux. C’est net, c’est propre, c’est contemporain, sans chercher à impressionner le voisin.

À l’arrière, les changements sont mineurs. De nouveaux feux à LED, toujours aussi discrets, des clignotants à défilement qui feraient presque croire à un début de danse contemporaine, et l’abandon définitif du logo au profit d’un lettrage SKODA. Sobre et direct. Le style général ne réinvente pas le genre, mais il ringardise nettement l’ancien modèle, qui avait déjà un pied dans la décennie passée.

Intérieur : ce qui compte, c’est ce qu’on ne voit pas

Une fois installé à bord, premier constat : Skoda continue son apprentissage du premium à la manière d’un élève studieux. Le mobilier n’a pas changé de manière flagrante, mais la qualité perçue progresse, notamment dans la finition Sport Line. La planche de bord reste dominée par l’écran central de 13 pouces, désormais de série, qui affiche fièrement le système d’infodivertissement nouvelle génération. C’est plus fluide, plus rapide, mais toujours un brin labyrinthique. Les fonctions essentielles sont simples à trouver, les autres exigent un peu de fouille archéologique.

Le petit écran numérique derrière le volant, coincé entre deux branches, persiste dans sa discrétion. Il renseigne l’essentiel, rien de plus. Le volant, lui, s’offre un redesign et surtout, un lettrage SKODA qui remplace le logo. L’effet est étrange au début, mais l’on s’y fait vite. Dans le reste de l’habitacle, l’espace est resté aussi généreux. À l’arrière, trois adultes peuvent s’installer sans jouer à Tetris. Le coffre, avec 585 litres en configuration normale, grimpe à 1710 litres sièges rabattus. Pas mal, mais attention : la forme du plancher cache quelques cavités peu pratiques, notamment au niveau de la pseudo-roue de secours.

Route, silence et ions

Contact enclenché – enfin, pression sur le bouton. Aucun son. L’Enyaq s’élance comme une ombre. Les 286 chevaux et 545 Nm de couple sont transmis au train arrière avec une douceur trompeuse. Sur les routes entre Béziers et Narbonne, le silence règne à bord, seulement perturbé par un sifflement aérodynamique au-delà de 110 km/h. À vitesse stabilisée, la consommation tourne autour de 17,2 kWh/100 km. C’est plus qu’acceptable pour un SUV de 2,2 tonnes.

Dans les montées du massif de la Clape, le moteur électrique fait preuve d’un certain entrain. Ce n’est pas violent, mais les 6,7 secondes de 0 à 100 km/h sont là pour rappeler qu’on ne parle pas d’un pachyderme. La direction est précise, sans retour d'information notable, mais suffisante pour s’inscrire dans les virages avec rigueur. Un léger roulis subsiste, maîtrisé grâce aux suspensions raffermies de cette version Sport Line. Pas de sport, mais un confort dynamique. Le compromis est réussi.

Recharge : le point faible qui pique

Si Skoda a su soigner l’apparence, la recharge reste son talon d’Achille. En courant continu, la version 85 plafonne à 135 kW. Résultat : 28 minutes pour passer de 10 à 80 % de batterie. C’est long, surtout quand la concurrence commence à flirter avec les 200 kW. Pire, en courant alternatif, on reste limité à 11 kW. Sur une borne domestique, il faudra donc s’armer de patience. Un détail ? Pas vraiment, lorsqu’on ambitionne de séduire les familles actives en déplacement.

Fort heureusement, Skoda conserve ce qui a forgé sa réputation : les détails intelligents. Le parapluie dans la portière, le grattoir dans le coffre, les crochets pour sacs à provisions, le plancher de coffre modulable… Autant de petites attentions qui transforment un trajet en expérience. Et puis il y a cette rigueur typiquement tchèque : rien ne grince, tout est à sa place, et l’ergonomie physique, bien que perfectible via l’écran, reste cohérente.

Tarifs : rationalité bavaroise, facture premium C’est là que le bât blesse. Le Skoda Enyaq 85 débute à 46 270 euros. La version Sport Line essayée dépasse allègrement les 50 000 euros, bonus déduit. Le Coupé, lui, réclame près de 3 000 euros supplémentaires sans offrir plus qu’un toit incliné et un coffre amputé de quelques litres. Face à un Scenic E-Tech, un ID.4 ou un Hyundai Ioniq 5, le tchèque peine à justifier cet écart. Et on ne parle même pas du Model Y, concurrent américain aux dents longues, plus performant… et moins cher.

Conclusion:

Le changement dans la continuité

Des centaaines de kilomètres plus tard, quelques arrêts recharge et beaucoup de paysages plus loin, une certitude émerge : le Skoda Enyaq 85 2025 est une mise à jour soignée, mais timide. Il se modernise visuellement, affine son ergonomie, mais reste techniquement inchangé. Une stratégie de conservateur éclairé, en somme. Ceux qui possèdent déjà un Enyaq n’ont aucune raison de changer. Ceux qui ne l’ont jamais essayé découvriront une excellente base, confortable, rassurante, mais à la recharge perfectible et au prix élevé.

Le voyage s’achève, le soleil commence à décliner sur les vignes de l’Aude. L’Enyaq, lui, dort silencieusement sous sa robe bleutée, prêt à repartir. Et moi, je repars aussi, non sans me demander si, dans cette ère électrique, ne rien changer, c’est déjà changer.

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