Il faut se souvenir que la Golf n’est pas née d’une ambition démesurée. Elle a été conçue comme l’antithèse de la Coccinelle : moteur à l’avant, traction avant, et un style carré signé Giugiaro. Depuis 1974, elle a tout fait : berline familiale, sportive iconique (GTI), diesel de flottes (TDI), et plus récemment, voiture de transition énergétique pour cadres parisiens (eHybrid, GTE).
Aujourd’hui, avec le restylage de mi-carrière de la Golf 8, on en est à ce que les ingénieurs appellent affectueusement la Golf 8.5. Pas encore une 9, plus vraiment une 8. La gamme s’articule autour de blocs essence 1.5 eTSI (116 et 150 ch), d’un diesel 2.0 TDI de 150 ch (toujours vivant, comme quoi tout n’est pas électrique), et surtout de deux hybrides rechargeables : l’eHybrid de 204 ch et notre GTE de 272 ch.
L’idée est simple : offrir un véhicule capable de rouler en électrique la semaine et en thermique le week-end, tout en évitant les foudres du malus écologique. Et surtout, redonner à la Golf GTE une vraie personnalité, plus proche de sa cousine GTI que d’un lave-linge efficient.
Visuellement, notre Golf GTE se distingue peu de ses sœurs thermiques. C’est une Golf, point. Pas de kit carrosserie outrancier, ni d’ailerons à la Fast and Diesel. On note tout de même une signature lumineuse plus affirmée, un bandeau LED affleurant le capot, et des touches de bleu qui signalent poliment votre électrification partielle.
Les jantes spécifiques (18 pouces de série, 19 en option), la calandre en nid d’abeilles et les petits logos GTE rappellent que cette Golf a quelque chose à dire, mais sans crier. Elle n’a pas besoin d’impressionner. Elle roule.
À l’intérieur, la transformation est plus profonde. Exit les touches tactiles façon écran d’avion de chasse soviétique. Le volant retrouve de vrais boutons. L’interface a été repensée : la dalle centrale passe à 12,9 pouces, avec des raccourcis configurables — on peut enfin désactiver l’alerte de dépassement de vitesse sans chercher pendant 4 minutes dans les menus, ou couper le maintien de voie avant que la voiture ne vous ramène de force chez votre belle-mère.
Les sièges offrent un maintien latéral digne d’un dîner tendu : fermes, mais confortables. On retrouve la fameuse sellerie quadrillée façon GTI… sauf si, comme notre modèle d’essai, vous optez pour le cuir Vienna (2 370 €). Une option qui inclut les sièges électriques et chauffants, et un ciel de pavillon noir. Ambiance chic, presque austère, mais sans tape-à-l’œil.
Sous le capot, un 1.5 TSI de 177 ch (Evo2, pour les intimes) associé à un moteur électrique de 116 ch. Le cumul donne 272 ch et 400 Nm de couple, disponibles lors des phases de « boost ». La boîte DSG6 se renforce pour digérer l’effort, et ça se sent. Les passages sont plus francs, moins hésitants, sans pour autant vous donner un coup de pied dans les lombaires.
La batterie atteint désormais 19,7 kWh utiles (25,7 kWh bruts), soit le double de la précédente génération. Volkswagen annonce jusqu’à 131 km en cycle WLTP mixte, voire 159 km en ville. Dans la vraie vie, comptez plutôt 100 bornes sans appuyer.
Côté recharge, on grimpe à 11 kW en courant alternatif, 50 kW en courant continu — assez pour passer de 10 à 80 % en 26 minutes. Ce qui vous laisse le temps d’un café, d’un mail de boulot et d’un croissant à moitié mangé. Ou, selon votre station, d’une dépression et d’un cappuccino tiède.
Les dimensions ? 4,29 m de long, 1,79 m de large, 1,48 m de haut. Le coffre, lui, paie l’addition de la batterie avec un volume de 273 litres (contre 381 sur une Golf thermique). De quoi caser un sac de voyage, un câble de recharge, et l’idée vague de partir loin… mais pas plus.
Départ de Paris, porte de Saint-Cloud. Objectif : éviter le périphérique. Mission : impossible. Une première heure à 23 km/h de moyenne, le mode électrique fait le job. Silence, souplesse, et une consommation à 0 l/100. Royal.
Puis vient la banlieue. Routes secondaires, bouchons intermittents, dos-d’âne tous les 43 mètres. La GTE alterne discrètement entre ses deux cœurs : électrique en descente, thermique en montée, et les deux en cas de double appel sur nationale. Le système fonctionne bien, sans heurts, avec une transition presque imperceptible. Une vraie voiture bicéphale, sauf que les deux têtes s'entendent.
Arrivée à Fontainebleau, on a roulé 124 km en tout électrique. Ensuite, la batterie s’est rendue, poliment, et le 1.5 TSI a pris le relais. Consommation moyenne finale : 6,4 litres aux 100 km pour 248 km. Pas de quoi faire sauter la banque, ni le tableau Excel du comptable écolo.
Mais au-delà des chiffres, c’est la manière qui compte. Sur les petites routes forestières, la GTE tient sa ligne, digère les imperfections avec fermeté, mais sans dureté. La direction progressive rassure, la suspension fait le job sans jouer à la sportive. Ce n’est pas une GTI, non. Mais ce n’est plus un compromis.
La GTE restylée ne prétend pas être une GTI. Elle n’en a ni la vivacité, ni le différentiel avant piloté, ni l’ADN purement thermique. Mais elle s’en approche. Doucement. Subtilement. À sa façon.
Elle incarne cette France qui roule électrique la semaine, mais qui veut encore entendre ronronner quelque chose le week-end. Elle s’adresse à ceux qui veulent la puissance, mais pas le malus. L’autonomie, mais pas la contrainte. Et l’élégance discrète d’une berline qui ne cherche pas à séduire TikTok.
Alors oui, la Golf GTE mérite enfin ses lettres. GT pour la route. E pour l’époque. Et pour ceux qui doutent encore, un conseil : prenez le volant. Et écoutez-la vous répondre, en silence d’abord… puis avec un coup de boost bien placé, comme un vieux bon mot dans un dîner de famille. Effet garanti.
2025 9900 km Manuelle Diesel
2022 18015 km Automatique Diesel