Lorsque j'ai aperçu chez Jordan Rey, confrère de M6, cette boîte noire Lego avec une Porsche 911 de profil, sous son meuble de télévision, il m'a avoué qu'elle était rangée depuis bientôt deux ans et qu'il avait la flemme de s'y mettre, surtout à l'idée de devoir étaler les 1458 pièces. Alors, je me suis dit que c'était l'occasion d'assembler un beau petit bolide ensemble.
Sur la boîte, il est inscrit « +18 ans », sans doute pour que les enfants ne soient pas tentés de la démarrer une fois montée et de prendre la route avec…
On ouvre le mode d'emploi et l'on découvre que Lego offre le choix de deux modèles différents : Targa ou Turbo.
« Ça va partir sur une Targa » tranche aussitôt Jordan sans même hésiter. Comme les beaux jours arrivent, autant rouler décapoté.
Et nous voilà concentrés à chercher les pièces et à retrouver nos réflexes d'enfance. Nous avons l'impression de construire un meuble Ikea, mais en plus complexe et piégeux. Pas de course, ni d'empressement, notre seul objectif est une construction solide sans erreur et surtout de ne pas utiliser le « brick separator », cette pièce orange qui pourrait faire penser à un cale-porte et qui sert à séparer des briques assemblées par erreur.
Étape 7 : Jordan souffle déjà !
« Ça va être long », réalise Jordan qui peine toujours à comprendre ce qu'il est en train de construire.
Nous commençons à nommer certaines briques aux formes familières : « Passe-moi l'appareil photo, le Leica mais sans objectif », « Passe-moi le moteur », « Ça doit être le frein à disque », « Ah, les suspensions vont être fermes ». Ça y est, les mécanos ont pris leurs aises et commencent déjà à jargonner. Hors contexte, on pourrait croire qu'on est dans le garage de la fameuse série télévisée "Brotherly Love".
Étape 12 : on a un semblant de plateforme qui se forme, mais on a toujours du mal à croire que ça va ressembler à une Porsche.
Étape 13 : une étape qui porte probablement bien son numéro… Jordan, trop optimiste, tombe dans le piège classique du Lego, celui qui en cas de doute t'invite à vérifier l'étape d'après pour s'assurer que tout est correct.
On s'interroge sur comment on pouvait à l'époque être aussi patient en tant qu'enfant, car c'est long pour ne pas dire laborieux parfois… Serait-ce comme les jeux vidéo, perd-on de son habileté ou agilité ?
Troisième sachet de briques ouvert. Ça y est, on vient de poser le bandeau rouge à l'arrière de la 911 avec écrit PORSCHE. C'est un bon début, elle commence à prendre forme.
Faire un Lego, ce n'est pas seulement enfiler ou poser des briques, c'est une occasion de faire le vide dans sa tête, de méditer sur ce que cette pièce peut avoir comme usage sur une Porsche réelle. Jouer aux Lego, adulte tout comme enfant, requiert de la dextérité pour ne pas tout casser, car plus vous avancez dans les étapes, plus la construction devient délicate. Une mauvaise prise, un appui mal placé et « crac », c'est le drame, il faut parfois revenir sur plusieurs pages précédentes pour réparer les dégâts.
À ce niveau, notre Lego commence à prendre forme et est devenu fragile, requérant beaucoup de précaution lors de la manipulation. Surtout, ne pas se louper d'un millimètre ou d'un cran au risque de bloquer tous les rouages d'une mécanique des plus précises.
Nous nous laissons guider au fil des pages ou plutôt exécutons les consignes comme une partition de musique que l'on insère dans un piano mécanique.
Dan et Jordan, 7 et 5 ans, retiennent leur souffle et progressent à pas de loup. Redoutant chaque nouvelle page comme une épreuve insurmontable. Pourtant, la peur n'évite pas le danger. Comme par exemple ce piège à la page 133, étape 228, où le schéma n'explique pas correctement qu'il faut placer la pièce avec les crans côté Est et non pas Nord. D'après un fan de Lego, ce genre d'étape piégeuse est un incontournable chez Lego, sinon ce serait trop facile.
Voilà une semaine qu'on est sur le chantier Lego 911. Une semaine à raison de trois sessions de deux heures entrecoupées de distractions, comme ce chantier improvisé et ces camions qui refaisaient l'avenue à minuit qui ont eu raison de notre bonne progression. À l'époque, sans téléphone, réseaux sociaux et tout le tintouin, on aurait déjà terminé cette 911.
Mais ce n'est pas une course, même si on est en train de confectionner une Porsche…
Nous redoublons de soin et d'application, surtout lorsqu'il faut imbriquer les Lego, au risque que la finition ne soit pas uniforme et lisse. Ne jamais négliger l'aspect visuel et le côté douceur tactile, si lorsque vous passez le doigt vous sentez des variations géométriques, c'est tout simplement que c'est mal posé.
Finalement, vient l'étape où l'on installe les roues. La 911 prend enfin vie !
Jordan, sous l'émotion, lâche un : « Ça y est, je suis enfin propriétaire d'une Porsche Targa », tout en installant une plaque d'immatriculation chinoise à l'arrière. Un choix que je ne comprends toujours pas.
Seul regret, dans une construction où rien n'est laissé au hasard, l'absence de logo Porsche sur le volant ou sur les sièges. Alors qu'il est bien présent sur le capot.
2019 52500 km Automatique Essence
2017 39875 km Automatique Essence