Carugati dans le cœur des aficionados de Ferrari : Interview

Nos voisins helvétiques amateurs de belles autos auront sans doute ce nom pour familier. « Carugati », une enseigne familiale de 5 personnes installée depuis 20 ans aux portes de Genève. Distributeur Pagani jusque très récemment, cette petite PME résonne désormais dans le cœur des aficionados de Ferrari.

C’est toujours un immense plaisir que de passer du temps dans les garages qui ont une âme et de rencontrer ceux qui les animent. Nous avons donc eu la chance de passer un moment avec Fabrizzio Carugati, fils de Tiziano, le fondateur de la société et de lui poser quelques questions.

« La première voiture dans laquelle on m’a installé en sortant de la maternité était une Ferrari »

Et si nous remontons au tout début, avant la concession Carugati, d’où vient la passion de votre père, Tiziano ?
Sa passion vient de son père qui avait déjà une sérieuse passion pour belles voitures, et des Ferrari surtout. Comme beaucoup d’Italiens d’ailleurs (rires…). Mon grand-père n’avait pas de concession, il avait un restaurant, mais ils allaient ensemble rêver devant les voitures, à la concession Ferrari de Genève. D’ailleurs, mon père a travaillé 15 ans comme cuisinier dans le restaurant de mon grand-père.

Comment s’est passé le basculement entre la cuisine et la concession de voitures pour votre père ?
Mon grand-père a fini par acheter une Ferrari, mais probablement trop tard pour en profiter pleinement. Il l’a revendue assez vite et ça a été un déclic pour mon père. Assez de frustration et de raison, il a décidé de s’offrir ce plaisir dès que possible. L’histoire s’est ainsi lancée. Une Ferrari, puis 2, puis il était mordu… Par la suite, il a très vite dû faire le choix entre l’automobile et la cuisine. Vous voyez ce qu’il a choisi (rires…).


Est-ce que c’était son objectif, le commerce automobile ?
Pas nécessairement. Il aimait bien la cuisine et se voyait bien reprendre la suite du restaurant, mais par la force des choses et lorsqu’il a dû choisir, il a choisi la voiture.

Vous avez grandi dans cet espace pour lequel votre père se passionnait, est-ce que c’est dans cet atelier-ci, à Plan-les-Ouates, que vous avez parcouru vos premiers pas ?
Alors non, cela fait 20 ans que nous sommes installés ici. Avant cela, nous étions au Bachet où nous avions la plus grande partie du parc de véhicules et les plus exclusifs étaient cachés.

Et pour vous, votre père vous a-t-il déposé une petite voiture dans les mains pour vous transmettre sa passion ou votre intérêt pour l’automobile est-il venu naturellement ?
J’ai toujours été baigné dedans, les Ferrari étaient des voitures de tous les jours. Mon père m’a transmis sa passion naturellement et je ne me rendais pas vraiment compte de la chance que j’avais. Je le vivais, simplement. Je m’intéressais au design, sans aller chercher plus loin. Puis au fil des années, j’ai creusé, en cherchant à comprendre ce qui se passait du côté technique. C’était un nouveau regard sur ce monde pour moi.

J’ose vous demander quelle marque s’est révélée ?
Ferrari ! On a toujours eu un coup de cœur pour cette marque.

Pourquoi Ferrari ?
Le mythe. Les voitures ne sont pas parfaites, mais elles ont une gueule, une ligne. On n’est pas dans l’efficacité et la performance uniquement. Il y a une âme. Pour les motards, c’est un peu comme la comparaison entre une Japonaise et une Italienne. Les Japonaises sont performantes, mais il y a ce quelque chose en plus.
Si on conduit une Ferrari ou une MacLaren moderne, on ressent qu’il y a une âme plus forte sur la Ferrari. Je ne dénigre pas MacLaren, ni les autres marques d’ailleurs. La marque fait un travail admirable, et nous en avons régulièrement à la vente.
J’ajouterais que toutes les marques ont leurs spécificités. La Mercedes 300SL papillon est splendide, La Lamborghini Miura est exceptionnelle, La Lamborghini Countach reste également un ovni tout aussi spectaculaire.
Mais de tous ces fabuleux modèles, je ressens toujours plus d’émotions au volant d’une Ferrari.

Seriez-vous capable de choisir une seule Ferrari ?
Très difficile, je ne pense pas. Entre les GTO, SVB, DINO, F40, elles ont toutes marqué les amateurs d’automobile, difficile de choisir.

Vous parliez de moto, vous êtes également adepte du deux-roues ?
J’aime bien, mais je n’ai jamais terminé de passer le permis. Je dois avoir un mauvais sens de l’équilibre (rires…).

Revenons sur votre parcours. Adolescent, est-ce que vous aviez d’autres inspirations ou vous vouliez déjà faire comme votre père ?
Non, je ne savais pas exactement. Mon père voulait que j’aie un diplôme, donc j’ai travaillé pour obtenir un CFC bancaire, puis j’ai fait 3 ans d’apprentissage dans le secteur. Il fallait maîtriser l’anglais donc j’ai passé 9 mois aux US pour approfondir la langue.

Même ce passage par la banque ne vous a pas fait changer de direction ?
Les métiers qui m’intéressaient étaient pour moi sans véritable débouché. L’histoire me plaisait, mais je ne voyais pas quoi en faire. J’aime bien lire, mais sans m’imaginer écrire un livre.
À mon retour des États-Unis, je pensais prendre le temps de décider de ce que j’allais faire de ma vie, puis l’opportunité s’est présentée. Mon père m’a proposé de travailler avec lui à la concession et ça fait désormais 17 ans. Avec le recul, je crois qu’il aurait été vraiment dommage de ne pas tenter d’intégrer le commerce familial. La PME reste le meilleur cadre de travail pour moi.

Lorsqu’on arrive dans ce monde dont on ne connaît que les bons côtés, n’est-ce pas inquiétant ?
Oui, bien sûr. Il faut prendre ses responsabilités. J’avais tout en main, il était question de ne pas détruire le produit. Au départ, les clients allaient tous vers mon père, c’était frustrant mais je ne voulais pas forcer quoi que ce soit. Il y a l’effet générationnel, les clients de l’âge de mon père allaient plutôt vers lui. Il faut être patient. C’est petit à petit que les relations se créent. J’ai fini par avoir ma clientèle.

Quel rôle avez-vous au sein de la société aujourd’hui ?
J’ai fait beaucoup d’administratif et d’achat/vente jusqu’en 2018 puis ma petite sœur, Justine, nous a rejoint. Elle a repris l’administratif, son aide est très précieuse. Ça me laisse plus de temps pour travailler sur le développement de l’entreprise et pour quelques business lunch très agréables (rires…).
Cela dit, nous restons une petite structure, s’il faut aller laver une voiture et faire le plein d’essence, je ne rechigne pas. Puis c’est toujours agréable de conduire de très belles voitures.

/h5>Parlons de la société. Cette fois au niveau des services proposés, les propriétaires peuvent également venir pour les entretiens ? Ce n’est pas le gros de notre activité, mais nous proposons de gérer l’entretien des véhicules. L’atelier juste au-dessus est également un partenaire avec qui nous travaillons régulièrement. Si le véhicule est sous garantie, nous l’amenons cependant chez les professionnels agréés pour ne pas risquer de faire perdre la garantie au client. Puis nous pouvons stocker une centaine de voitures, ce qui laisse tout de même de la place pour stocker quelques véhicules en attente d’entretien.


Carugati organise des restaurations complètes ?
Oui, ça arrive. Celle-ci (juste à droite du bureau de Fabrizzio) a été totalement restaurée chez Ferrari. C’est une Ferrari SWB de 1961. C’est un dépôt-vente, d’ailleurs. Elle a 120 000 km. Son historique est complet, bien entendu.
Elle est état concours, c’est une maquette. Tout a été refait, du toit aux pneus en passant par le V12. Je crois que c’est une des plus belles pièces auto qu’on puisse avoir.

Carugati est distributeur de véhicules toutes marques, mais vous étiez également distributeur Pagani jusqu’en 2018. C’est exceptionnel. Parlez-moi de cette aventure.
En effet, nous avons été agents pendant 16 ans. Tout a démarré avec une rencontre entre mon père, Tiziano, et Horacio Pagani au Salon de l’auto à Genève, en 2003. La voiture a plu à mon père, qui est allé voir l’usine en Italie et avec un partenariat financier, nous avons lancé l’aventure. Puis comme de nombreuses marques, Pagani a souhaité que nous fassions partie des concessions standardisées. Nous n’avons pas souhaité suivre. Notre identité, c’est aussi ce garage, des tableaux un peu partout, un décor qui est notre passé et qui nous ressemble.

D’où viennent les véhicules que vous vendez ?
C’est une question intéressante, car il n’est pas rare que dans la vie d’un véhicule, il nous revienne 2 ou 3 fois. La plupart du temps il s’agit de dépôt-vente. Nous avons de nombreux clients et parfois des demandes spécifiques, auquel cas nous nous mettons en recherche pour satisfaire le client.

Est-ce que parfois il peut y avoir un achat « coup de cœur » plutôt qu’une bonne affaire ?
Oui bien sûr, le coup de cœur passionnel est bien entendu arrivé. C’est arrivé pour la Ferrari GTS Targa d’un client que mon père avait longtemps vu arriver depuis le restaurant, lorsqu’il était cuisinier. Puis, il y a une dizaine d’années, lorsqu’il a pu en avoir une, même si elle était plus chère que le marché, il l’a achetée sans hésiter. Elle est encore là, et le moteur a été totalement révisé.

Et le créneau de l’électrique, qu’en pensez-vous ?
Alors je pense que c’est complémentaire. Si les normes ne permettent plus de rouler avec des moteurs thermiques, il faudra nécessairement y venir. Certaines voitures sont d’ailleurs intéressantes. Si on regarde chez Porsche avec la Taycan, c’est sans doute un vrai plaisir que d’être à son volant. Mais c’est un marché encore très en marge, surtout sur le segment des supercars.

Finalement, que doit-on souhaiter pour la suite de Carugati ?
Rester à taille humaine. On est très réactifs et nous gardons un contact humain, entre passionnés. On pourrait grandir, mais cela génèrerait des contraintes. Nous ne sommes dépendants que de nous-mêmes et c’est très plaisant de fonctionner ainsi.

Allez, si on devait choisir une seule voiture de votre collection, ce serait laquelle ?
C’est difficile, mais la Ferrari 288 GTO… et la Dino.

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