Essai Fisker Ocean : « Tout ce que les autres font, mais en mieux ! »

Un Danois à L.A.

Cet homme d'affaires charismatique, éternel optimiste, a fui la sinistrose européenne pour lancer son projet à Los Angeles : celui de faire la meilleure automobile au monde. « Notre siège social est là parce qu'on accepte les nouveautés à L.A. », confesse Henrik Fisker. « Ça fait partie de la culture de cette ville enthousiaste de se dire que si c'est nouveau, que si ça a l'air cool, ça mérite de prendre le risque », poursuit-il. Le Danemark aurait-il raté une occasion d'avoir son nouveau Maersk ? Probablement, mais son patron est trop humble pour se voir à la tête d'un tel paquebot. Et pourtant, Fisker en danois signifie « pêcheur ». Alors, peu importe la taille du navire, l'essentiel est qu'il arrive à bon port.

Ocean, c'est le nom du nouveau-né chez Fisker. Avec la prononciation anglaise qui laisse entendre un mélange entre Océane et Ocean comme la célèbre trilogie hollywoodienne avec Brad Pitt et Georges Clooney. La symbolique est d'autant plus forte lorsque l'on sait que la majorité des éléments qui la composent à l'intérieur sont fabriqués à partir de bouteilles en plastique recyclées, provenant des océans. Fisker reflète l'ambition sincèrement écologique du constructeur : « Nous travaillons avec nos partenaires pour les emmener sur des méthodes plus saines et écologiques : utiliser moins, mieux et réutiliser, puis nous appliquons ça partout, à toute échelle », détaille le patron de Fisker.

Les Ocean en détail

Ocean est fabriqué en Autriche, à Graz, dans les usines de Magna. Il est équipé d'une batterie de 113 kWh. Le choix du constructeur se porte sur une batterie plus grosse lui permettant ainsi une autonomie de 707 km, car le constructeur est persuadé que « le conducteur dans la vie réelle ne fait jamais les mêmes chemins à la même vitesse ».

Au premier regard sur cet Ocean, l'attention se porte aussitôt sur les étriers de frein couleur bleu turquoise. Un rappel de façon sobre est inscrit au niveau des custodes à l'arrière du véhicule. Naturellement, l'on prend du recul pour observer la poupe, et l'on perçoit ce regard glamour à travers ces feux arrière qui laissent deviner une facette des plus dynamiques. Une œuvre qui relève presque de la dentelle, ce qu'Henrik Fisker nous confirme, vu qu'il les a dessinés, et il n'est pas peu fier du résultat.
Puis l'on retrouve ce bleu turquoise avec une sorte de dessin labyrinthique, rappelant un Pac-Man, qui orne le panneau solaire Solar Sky Roof. Discret et parfaitement intégré, il permet de gagner environ 2 400 km/an d'autonomie.

Car, si la protection de l'environnement ainsi que le développement durable sont au cœur des préoccupations de l'entreprise, le respect de l'utilisateur, quant à lui, n'a pas été omis. Fisker résiste et refuse le système Apple CarPlay dans ses voitures. « Pas question de gâcher notre belle interface, que nous avons développée maison, pour afficher cette affreuse fenêtre », affirme-t-on du côté de la direction, qui reste persuadée qu'un autre acteur majeur va bientôt arriver. Une conviction qui se renforce notamment, car Fisker n'utilise les données que pour prévenir une panne, améliorer l'usage au quotidien. « Nous n'avons rien à vendre, on veut juste créer une expérience unique pour chaque utilisateur », assène Henrik Fisker.

Un esprit… ? Non, un concept !

Dans l'habitacle du Fisker Ocean, c'est ambiance simple et épurée à la danoise. L'utilisation de différents matériaux, l'alternance de textures, les revêtements tous vegan démontrent l'attention portée au détail. Plus de boîte à gants, celle-ci se trouve désormais sous les sièges avant. Dorénavant, vous avez une tablette déployable côté passager et cette autre curiosité qui fascine, se trouvant dans l'accoudoir central : une tablette pour tacos.
Comme dans les avions, elle se déploie afin de pouvoir se sustenter dignement. Une volonté d'Henrik Fisker qui, lors d'une réunion, s'était rendu compte que beaucoup de collaborateurs mangeaient à bord de leur voiture.
La « tacos tablette », que je renommerais volontiers « Smørrebrød tablette » eu égard à sa taille, son beau matériau, mais surtout les origines de son commanditaire, sont là encore un autre témoignage de l'altruisme de M. Fisker.

Un tel inframince ne peut s'arrêter en si bon chemin. En effet, l'on observe de beaux ornements sur les pédales ainsi que sur le repose-pied. D'ailleurs, Henri Fisker a fait apposer cinq gravures « indy », où figurent des surfeurs, disséminées à l'intérieur de l'Ocean que les curieux découvriront peut-être un jour ? « Elles sont très, très bien cachées, je vous les montre, mais ça reste entre nous », s'amuse-t-il. Promis, je ne dirai rien, mais ça vaut le coup !

Une fierté, qui a été brevetée par Fisker : les pare-soleil pliants qui ont été revisités et repensés de façon à être nettement plus ergonomiques. Autre curiosité : tous les haut-parleurs ont été masqués pour ne pas briser l'harmonie interne à l'habitacle.
Au-delà d'avoir des enceintes ELS Studio 3D planquées, celles-ci ont été développées avec Eliott Scheiner, le célèbre producteur et ingénieur du son qui a remporté 8 titres aux Grammy Awards.
Puis, un autre détail qui a retenu toute mon attention : les sièges arrière sont inclinables. Les éternels passagers à l'arrière vont enfin commencer à bien voyager. Ils ne plaisantent pas, ces Danois !
Même si le démarrage peut se faire sans clé, Fisker a eu la présence d'esprit de créer un espace dédié pour y ranger la clé !
Le levier de vitesses se trouve sur le commodo de droite. Et c'est parti ! Le Fisker Ocean est des plus agiles, l'on file avec allure dans cette voiture au gabarit imposant, large, mais bien assis.

Devant vous, un petit écran minimaliste vous indique les essentiels pour votre conduite. C'est tout, c'est simple, net et précis.
Mais la star du show, c'est son écran central haute définition, à partir duquel vous pouvez presque tout piloter : climatisation, réglages de la voiture, divertissement… En dessous se trouve un rack de boutons pour le volume, certains éléments de conduite qu'on aime bien avoir sous la main sans avoir à quitter la route des yeux.

À l'arrêt, 2 clics sur le bouton « maison », et l'écran bascule en position panoramique. Le mode Hollywood, l'idéal pour chiller devant un Disney, voir un film sur Hulu ou écouter de la musique grâce à votre compte perso.

Les menus sont disposés tactilement de façon à ne pas éloigner la main ou quitter la route des yeux. Il y a sur la partie supérieure de l'écran une reconstitution de la voiture et son environnement. En dessous, un mini-bandeau affiche de façon permanente un plan – peu importe si vous avez changé de menu ou que vous consultiez quelque chose, vous saurez toujours où aller.

Un toucher de route d'un nouveau genre

L'accélération sait être fulgurante et met à disposition les 564 chevaux, développant un couple de 736 Nm. La vitesse maximale en pointe est de 205 km/h et le 0 à 100 km/h s'abat en 3,9 secondes. On lève aussitôt le pied et l'on sent les freins régénératifs qui s'enclenchent. Activables à souhait, tout comme leur force de régénération est réglable également. On se surprend ainsi à faire la quasi-totalité du voyage sans appuyer sur la pédale de frein. L'Ocean Fisker se recharge en 12 heures ou en 35 minutes sur une charge rapide.

Un bouton avec un petit soleil m'a intrigué : son nom, c'est le mode California. Et ce bouton, c'est la concrétisation de la baguette magique dont on a tous rêvé gamins, quand on partait à la plage et qu'on revenait découvrir que la voiture était devenue un sauna. Un clic : une onde rafraîchissante retentit, et aussitôt, les 8 fenêtres, lunette arrière et toit compris, se baissent simultanément – j'avoue, j'ai un peu halluciné de voir cette fenêtre arrière se baisser, mais j'ai tellement kiffé rouler cheveux au vent et profiter de la nature lors du trajet. Ce mode California, c'est le péché mignon d'Henrik Fisker, qui aime l'activer lorsqu'il s'échappe sur le Sunset Boulevard et mettre le cap sur Santa Barbara.

Le Fisker Ocean se conduit avec tellement d'aisance que l'on en oublie son gabarit, et force est de le constater, il passe partout et peut grimper presque partout. Il est, de surcroît, magnifié par un large panachage de couleurs. Nos préférées sont le rouge « Red planet », le « Solar » orange, le bleu « Mariana » ou bleu « Planète », entre autres.

Une version du Fisker Ocean Force E, en version tout-terrain extrême, sera bientôt disponible.