CHAPAL renoue avec l’Amérique : place à l’Hudson Blue

CHAPAL fait son retour sur le continent américain en réactivant un chapitre ancestral de son histoire, comme si un arrière-arrière-grand-oncle avait égaré un trousseau de clés dans un entrepôt de Brooklyn. Plus d’un siècle après l’installation de la société en plein New York, la marque française remet le pied sur le sol des gratte-ciel et en profite pour dévoiler l’Hudson Blue, une nouvelle mouture de son blouson iconique USAAF. Ce n’est pas un simple clin d’œil aux années passées, c’est une main tendue aux fantômes de l’industrie cuir et fourrure qui résonnent encore sur les docks de l’East River.

Un siècle et demi de va-et-vient transatlantique

L’épopée débute en 1832, lorsqu’un certain Chapal, personnage visiblement peu enclin à s’installer dans un rocking-chair, se lance dans le tannage de peaux en France. L’activité prend vite une tournure internationale. En 1882, Emile Chapal pose ses valises à Brooklyn, porté par le mirage d’un Nouveau Monde fascinant et – on l’imagine – par le goût prononcé des bagels au sésame. L’objectif : implanter l’entreprise outre-Atlantique et séduire les amateurs américains de fourrure travaillée à la française. Ce coup de poker transatlantique signera le destin de la marque en reliant définitivement Paris à New York.

Aujourd’hui, c’est au tour de Jean-François Bardinon, huitième génération d’une famille qui n’a pas craint l’odeur des peaux ni le martèlement des machines, de reprendre ce fil historique. Il ressuscite l’héritage américain de CHAPAL et lance une série très limitée de 32 exemplaires d’un flight jacket USAAF, baptisé Hudson Blue. Au menu : cuir de mouton, teinte bleue profonde, doublure en soie épaisse imprimée chez Adamley, clin d’œil symétrique à Paris et New York. L’idée serait de montrer que, malgré les aléas du temps, la passion pour un certain artisanat demeure intacte.

L’ombre du fleuve Hudson dans chaque couture

Cet Hudson Blue se veut un hommage direct à l’horizon new-yorkais et à l’agitation qui imprègne la ville. CHAPAL a trouvé, semble-t-il, un moyen de cristalliser ce bouillonnement urbain dans un vêtement. Il faut imaginer le bleu de l’Hudson — un brin sombre, un brin intrigant — s’inviter sur les peaux de mouton préparées avec un soin chirurgical dans la Manufacture de Crocq, nichée dans la Creuse. Le col amovible peut être choisi en mouton brun ou bleu, comme s’il fallait trancher entre un café sans lait ou un expresso serré. Les pressions et la fermeture suisse Riri sont en laiton, mais on vous laisse libre de tergiverser entre une finition nickelée ou dorée. Comme si vous hésitiez entre un pont de Manhattan en acier ou un rayon de soleil sur le Chrysler Building.

Sur le plan technique, CHAPAL ne fait pas les choses à moitié : la maison est connue pour avoir développé, dès les années 1930-1940, des procédés de plastification sur peau de mouton retourné, largement utilisés pour les blousons d’aviateurs de l’US Air Force. L’USAAF Hudson Blue rejoue ce savoir-faire, mais le nimbe d’une teinte bleue spécifiquement conçue pour célébrer les racines américaines de la marque. Considérant la texture, la coupe et l’étanchéité souhaitée pour des conditions extrêmes, on décèle un soin méthodique qui rappellera aux plus pointilleux le genre d’obsession presque déraisonnable que l’on retrouve chez un collectionneur d’oldtimers. Tout est calibré, ajusté, mesuré, à la manière d’une mécanique de précision.


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Quand CHAPAL côtoyait Brooklyn

Avant que l’on s’emballe sur la nouvelle teinte bleutée du siècle, il faut évoquer le passé qui a tout déclenché. À la fin du XIX, Emile Chapal traverse l’Atlantique avec dans ses bagages des peaux de lapin venues de l’Hexagone. Son obsession : obtenir une imitation aussi proche que possible de la fourrure de loutre de mer de la baie d’Hudson. Si la loutre avait un mot à dire, elle serait peut-être soulagée de n’être que la muse de cet entrepreneur. Résultat : un succès foudroyant, et l’installation de plusieurs sites à Brooklyn consacrés à la tannerie, la transformation du poil en feutre et la confection de chapeaux en vogue. À l’époque, le couvre-chef était un symbole d’élégance — en tout cas, un objet plus approprié qu’un casque audio.

Dans le même mouvement, la famille CHAPAL développe des procédés avancés pour la fabrication de vestes et de combinaisons destinées à l’Armée de l’air française puis, plus tard, à l’US Air Force. Il ne faut pas s’étonner de croiser le nom Chapal dans les archives militaires. L’entreprise a participé à la production de nombreux blousons bombardiers B3 et B6 grâce aux tanneries new-yorkaises. Aujourd’hui, la boucle est bouclée : Jean-François Bardinon revendique cet héritage et fait de l’Amérique un marché phare, tout en se plaisant à rappeler que la Maison est, par essence, entièrement intégrée. Aucun sous-traitant ne vient mettre son grain de sel dans le tannage ni dans la couture. Chaque pièce porte la signature de l’artisan qui l’a fabriquée de bout en bout.

Une série de 32 pièces

Le nouveau blouson USAAF Hudson Blue s’inscrit dans une édition très confidentielle. Seulement 32 exemplaires, comme pour forcer les amateurs à dégainer leur téléphone dès l’instant où ils découvrent ce petit ovni vestimentaire. Pour ceux qui souhaiteraient pousser la personnalisation, la Maison propose de commander son exemplaire sur mesure, en choisissant la finition des zip, le coloris du bord-côte (censé se marier avec le col en fourrure) ou encore la doublure en soie. Le foulard inclus (90×90 cm), aussi estampillé Adamley, fait écho aux voyages transatlantiques et aux drapeaux de deux nations soudées par l’histoire de CHAPAL.

Dans un registre plus léger, on imagine volontiers le propriétaire de ce blouson tenter de négocier un surclassement en cabine business, sous prétexte d’arborer un symbole vivant des ponts entre Paris et New York. Les hôtesses de l’air n’y verront peut-être pas un argument suffisant, mais on ne peut nier la filiation de ce vêtement avec l’aviation. Après tout, l’USAAF a nourri la réputation de CHAPAL et donné naissance à ce style inimitable des flight jackets.


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Le savoir-faire made in Creuse

Prétendre que CHAPAL est un groupe industriel mondialisé serait trompeur. La réalité : tout est géré dans la Manufacture de Crocq, dans les contreforts du Massif central. C’est ici que les peaux de mouton sont tannées, teintes et préparées. C’est là que les artisans manient ciseaux, aiguilles et machines à coudre comme d’autres actionnent un levier de vitesse. À chaque vêtement, un seul artisan s’active du début à la fin. Une pratique rare dans un monde où la spécialisation à outrance domine. CHAPAL y voit le moyen d’assurer une cohérence absolue dans la qualité, tout en limitant la chaîne de production aux seules mains de la Maison.

Pour les clients épris d’un service millimétré, un personal shopper se tient à disposition pour orienter les choix. On est loin de l’image de la grande enseigne qui fait défiler des collections toutes les cinq minutes. Ici, le tempo est plus mesuré. On prend le temps, on discute coupe, col, doublure, finitions. Sans oublier l’historique transatlantique qui revient dans la conversation, tel un vieux parent en train de rappeler qu’il a tout vu, tout vécu, et qu’il ne faut pas se laisser griser par la mode du moment.

Discrétion de rigueur, mais attache historique solide

Contrairement à quelques conglomérats qui inondent le marché d’arguments lisses et d’adjectifs ronflants, CHAPAL adopte la sobriété et fait valoir sa longévité. Depuis 1832, la marque a résisté à l’érosion du temps et des tendances. Son lien étroit avec le secteur de l’aviation et sa production intégralement française lui donnent un statut à part. Cette distinction n’est pas un slogan marketing, elle est vérifiable dans le fonctionnement de l’entreprise.

L’Hudson Blue, c’est donc le dernier chapitre en date d’une histoire entamée il y a presque deux siècles. Un objet qui rappelle l’obsession d’Emile Chapal pour la réplique de la loutre d’Hudson, l’ancrage familial à Brooklyn, la fourniture de peaux pour la confection des bombardiers B3 et B6, et le va-et-vient constant entre deux mondes. Son créateur actuel, Jean-François Bardinon, se plaît à dire que l’Amérique fait partie de la carte génétique de la Maison. Il a probablement raison, surtout si l’on tient compte de ces ateliers historiques qui ont accueilli toutes sortes de projets, du chapeau à la veste de pilote.

Conclusion:

Un aller-retour historique

Ce retour à New York se place sous le signe d’une certaine nostalgie. CHAPAL ne cache pas son intention de redonner vie à ce passé américain, tout en rappelant que les clients d’outre-Atlantique raffolent du « savoir-faire rare et différent ». Les amateurs francophones n’y verront peut-être qu’un nouveau blouson en cuir, mais les férus d’histoire et de production artisanale comprendront vite ce que ce vêtement représente : la boucle bouclée sur deux continents, une synthèse des racines françaises et des ambitions américaines.

Difficile de prédire si l’Hudson Blue deviendra la nouvelle coqueluche des collectionneurs, mais il est clair qu’il enverra un petit message à chaque porteur : vous arborerez plus qu’un vêtement. Vous porterez l’écho d’un vieux chantier industriel à Brooklyn, d’une traversée d’Emile Chapal sur un paquebot, des vestes aviateurs qui ont accompagné des pilotes d’un autre temps, et d’un savoir-faire défendu envers et contre tout par une famille acharnée. Alors, si l’envie vous prend d’enfiler un blouson en cuir bleu pour honorer l’histoire franco-américaine, vous savez où toquer. Mais attendez-vous à signer un bon de commande et à justifier votre choix de couleur auprès de voisins curieux. C’est le prix de l’authenticité… et de quelques clins d’œil historiques que CHAPAL ne se prive pas de glisser dans chaque couture.


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