ESSAI Honda Civic e:HEV : Le meilleur des hybrides ?

Peut-on encore faire confiance à une compacte hybride qui promet tout et son contraire, surtout quand elle affiche un patronyme aussi ancien qu’une chemise de votre grand-oncle ? Voilà la question qui se pose en découvrant cette Honda Civic e:HEV, candidate au titre officieux de « championne de la sobriété ». Si vous pensiez que l’hybride au pays du Soleil Levant se résumait aux mêmes rengaines, attendez de tester cette Civic aux allures de ninja urbain. Furtive, discrète, presque trop sage pour être honnête… mais capable de filer un coup de pied circulaire à la concurrence dès qu’on joue avec le mode Sport. Faut-il décerner la palme de la catégorie à cette nippone ? En route pour l’enquête.
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Un demi-siècle d’existence

La Civic, c’est un peu la vieille connaissance qu’on n’a pas revue depuis des lustres et qui nous arrive avec un nouveau look, une nouvelle coupe de cheveux et un grand sourire. Apparue en 1972, elle a promené son badge sur tous les continents, passant d’une petite citadine modeste à une compacte de plus en plus imposante. Des millions d’unités vendues plus tard, la voilà dans sa onzième génération, toujours déterminée à bouleverser le marché et à faire de l’ombre à des rivales établies.

En France, la Civic s’est souvent retrouvée sur des créneaux de marché un peu confidentiels, mais elle a toujours pu compter sur l’expertise technique des ingénieurs Honda. Marque connue pour son amour des moteurs à hauts régimes et pour ses petites inventions mécaniques (qui, paraît-il, auraient privé la boîte à gants de certains brevets d’ingéniosité). Désormais, cette compacte compte bien sortir de l’ombre avec une motorisation hybride que ses concepteurs annoncent parfaitement calibrée pour nos villes, nos campagnes et nos autoroutes limitées à 130 km/h. On n’allait pas vous laisser croire ça sur parole, alors on a sorti notre loupe de pseudo-inspecteur pour en savoir plus.


e:HEV de Honda : Un hybride pas comme les autres

Passons aux choses sérieuses : sous son capot, la Civic e:HEV abrite un quatre-cylindres 2.0 atmosphérique, associé à deux moteurs électriques. L’ensemble développe officiellement 184 ch, ce qui semble confortable pour une berline compacte de ce gabarit. Honda appelle ça « e:HEV » et précise que, selon les conditions, le bloc thermique peut servir de générateur pour alimenter les moteurs électriques ou directement entraîner les roues avant. Il n’y a pas de boîte de vitesses classique, mais une transmission e-CVT censée optimiser les régimes moteur.

Sur le papier, c’est un discours qu’on a déjà entendu : un grand constructeur nippon vante l’hybride comme le Graal de la consommation, le tout nappé d’une gestion électronique capable de jongler entre électrique, hybride et thermique pur. Dans les faits, cette Civic se targue d’être efficace de 0 à 100, en ville, sur autoroute, chez votre boulanger, voire devant l’école de la petite nièce. Autant de promesses qui, si elles sont tenues, la placeraient en bonne position parmi les hybrides actuelles.

Une Civic presque sportive et pourtant …

Lorsque l’on glisse derrière le volant, la première impression est celle d’une position de conduite bien étudiée. Les sièges n’ont pas l’air sortis de la station spatiale internationale, mais ils maintiennent correctement. Le tableau de bord fait dans la sobriété, on repère sans difficulté les commandes essentielles. On ne fera pas un article de concours sur la qualité des plastiques, mais l’essentiel est ailleurs : prendre la route.

Dès les premiers mètres, l’hybride se montre docile. En ville, la direction est légère, l’amortissement digère les imperfections et la motorisation électrique procure un agrément appréciable pour les démarrages. Le bloc essence intervient sans trop se faire remarquer, sauf quand on appuie un peu plus franchement sur la pédale de droite. Dans cette configuration, la Civic distille un comportement feutré, mais pas soporifique.

Puis, on décide de chatouiller la bête en sélectionnant le mode Sport. Et là, la transmission e-CVT, souvent moquée pour son effet « moulin à café », parvient à simuler des passages de rapports afin d’en finir avec le sentiment de patinage indéfini. On se retrouve avec des relances étonnamment linéaires, mais qui conservent une certaine pêche. C’est assez amusant pour qui aime jouer du volant sur une petite route de campagne, d’autant plus que le châssis suit le mouvement.

En parlant de châssis, Honda a toujours su régler ses suspensions de manière à trouver un équilibre entre dynamisme et confort. Ici, la Civic se montre rigoureuse, plutôt ferme en virage, mais sans donner l’impression de rouler sur un caddie de supermarché. On prend plaisir à enchaîner quelques courbes, même si on reste loin du caractère débridé d’une Civic Type R. Le résultat est un brin inattendu pour une hybride qui pourrait donner l’illusion d’être un simple objet écologique.

Pour les amateurs de statistiques, la consommation moyenne oscille entre 4,5 et 5,5 litres aux 100 km, en fonction de votre appétence pour la pédale d’accélérateur et de votre environnement de conduite. Même en adoptant un rythme plus soutenu, il est difficile de faire exploser la consommation. Sur ce point, la promesse d’économies de carburant n’a pas l’air d’avoir été inscrite au registre des fables.

Cependant, tout n’est pas rose. Parlons franchement de deux lacunes qui font un peu grincer des dents : le multimédia et l’insonorisation. Le premier semble dater d’une époque où les écrans tactiles essayaient encore de deviner la pulsation de vos doigts. Interface rudimentaire, graphismes vieillots, tout y est pour vous rappeler que la connectivité n’a visiblement pas été la priorité numéro un. Ensuite, l’insonorisation peine à contenir les bruits d’air ou de roulement, surtout à vive allure. À 130 km/h sur autoroute, on est loin du silence d’une berline premium. Si vous comptez épater votre passager avec la playlist la plus pointue du moment, sachez qu’il faudra souvent monter le volume.


Positionnement et prix : Honda met le paquet ?

Ce petit plaisir hybride n’est toutefois pas bradé. Sur le marché français, la Civic e:HEV se situe dans une fourchette de prix qui la met en face de concurrentes sérieuses comme la Toyota Corolla hybride, la Hyundai i30 hybride ou encore certaines propositions électrifiées venues d’Europe. Les tarifs débutent autour de 32 000 euros et peuvent grimper jusqu’à plus de 38 000 euros selon les finitions et options retenues.

Certains, comme moi, trouveront la facture élevée, d’autres la jugeront logique compte tenu de prestations, de la puissance annoncée et de la dotation de série. On n’est pas dans une entrée de gamme au rabais. La question est de savoir si cette somme se justifie au quotidien. Pour la comparer à des modèles essence traditionnels, la Civic e:HEV mise sur son argument « économie de carburant » et sa bonne réputation côté fiabilité. De quoi rassurer ceux qui souhaitent un véhicule hybride compact mais capable de leur éviter un gavage à la station-service.

Conclusion:

Alors, la meilleure hybride ?

Revenons à la question initiale : cette Honda Civic e:HEV est-elle la meilleure hybride du marché ? Elle a des arguments solides : un ensemble moteur-transmission convaincant, une consommation frugale, un châssis digne d’une japonaise qui aime les courbes et un confort acceptable pour faire de longs trajets. Sans oublier son espace intérieur, plus généreux qu’on ne pourrait le croire, et sa présentation intérieure sans prétention mais fonctionnelle.

Toutefois, le système multimédia un brin dépassé et l’insonorisation en retrait empêchent de hisser cette Civic au rang de perfection incarnée. Elle devra donc partager la cour de récré avec d’autres hybrides qui, elles, ont fait un peu plus d’efforts sur ces points-là. Mais la sobriété de cette voiture, son agrément de conduite et son tempérament discret font d’elle un sérieux poisson-pilote pour quiconque aime conduire sans trop dépenser en carburant.

Finalement, si vous cherchez un hybride bien né, sans vouloir tomber dans les clichés, cette Civic mérite clairement d’être essayée. Sa longévité sur le marché prouve qu’elle sait se renouveler tout en préservant son ADN : celui d’une compacte qui refuse obstinément d’entrer dans un moule unique. Meilleure du marché ? Disons qu’elle se positionne habilement, avec sa propre vision de l’hybride. Et c’est peut-être ça qui, au fond, la rend redoutable.

Performance


Performance
4 / 5
Tenue de route
4 / 5
Habitabilité
4 / 5
Consomation
4 / 5
Prix
2 / 5
Confort
3 / 5

Verdict : la raison

Verdict : la passion

  • + Le moteur hybride souple et ...
  • + ... économe en carburant
  • + Espace de vie
  • - L'insonorisation
  • - Le multimedia
  • - Allure trop sage

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