Dacia Bigster Pack Sleep : Est-ce suffisant ?

Les racines d’un petit lit devenu grand

Tout a commencé avec l’arrivée du Dacia Jogger, il y a quelque temps. Les ingénieurs de la marque avaient alors pondu un mini-coffre en bois, se dépliant pour former un lit à deux places. Une astuce bon marché, presque loufoque, qui séduisit rapidement les amateurs de balades improvisées. On l’appela le Pack Sleep. Son succès fut immédiat, au point de voir fleurir sur les parkings des Jogger aux vitres masquées par des rideaux occultants, la banquette repliée et un matelas occupant toute la longueur de l’habitacle. D’aucuns trouvaient ça rigolo, d’autres y voyaient un moyen simple d’économiser une nuit d’hôtel. Dacia, flairant la bonne affaire, s’est donc empressée de recycler l’idée sur le Duster, et maintenant sur ce Bigster tout juste dévoilé. La marque a senti qu’une partie de sa clientèle aspire à l’évasion, le sac de couchage sous le bras, sans céder aux tarifs parfois vertigineux des vans aménagés.

Fiche technique du Pack Sleep et du Bigster

Sous le hayon du Bigster, l’espace gagne en centimètres par rapport au Jogger et même au Duster. La marque annonce un coffre approchant les 600-700 litres (selon les versions), permettant au Pack Sleep de s’intégrer sans difficulté. Le principe reste identique : un grand caisson en contreplaqué, d’environ 50 kg, se cale derrière la banquette. Il renferme un matelas pliable qu’on peut déployer en moins de deux minutes. Sur ce Bigster, la plateforme plus longue offre quelques millimètres supplémentaires, ce qui évite d’avoir les pieds collés contre le hayon. Néanmoins, il ne faut pas imaginer un palace sur roues : la surface annoncée est de 130 cm sur 190 cm, et la hauteur sous plafond reste modeste. Point notable : le toit vitré du Bigster donne une vue directe sur la voûte céleste si l’on ose dormir sans les occultants, ce qui peut ajouter un brin de magie lors d’une nuit à la belle étoile… ou un réveil humide en cas d’averse subite. Côté motorisations, ce SUV propose du TCe GPL, du mild-hybrid 48V ou de l’hybride 155, mais cela ne change pas grand-chose à ce Pack Sleep : l’essentiel est que l’arrière du véhicule reste modulable.

Manipulation et usage au quotidien

J’ai consacré une heure, en fin de première journée d’essais, à jouer avec ce fameux caisson, histoire de comprendre sa logique. De l’avis général, c’est effectivement enfantin : on rabat la banquette, on tire deux languettes et le plancher rigide se déploie. Le matelas se pose dans la foulée, formant cette couche de 130 par 190 cm. Dacia maintient que c’est assez pour deux adultes, sous réserve de tolérer la « position cuillère » si vous ne voulez pas vous retrouver jambes entremêlées en plein milieu de la nuit. L’espace de stockage sous le caisson est annoncé à 50 litres. En vérité, c’est à peine suffisant pour caler un sac de voyage ou quelques provisions. Pour le reste, on compense en utilisant la banquette arrière (avant de la rabattre) ou en chargeant tant bien que mal l’habitacle. Une fois le lit en place, on ne peut plus accéder à grand-chose, hormis le vide-poches de la portière ou le réservoir à fantasmes. Oui, il y a un côté « minimaliste » dans ce concept, certains diront « rudimentaire », mais c’est aussi ce qui fait tout le sel d’un « camping-car » à la mode Dacia.

Le tarif et la concurrence

L’addition reste le cheval de bataille favori de la marque roumaine. Ici, le kit Pack Sleep s’affiche à 1 490 € si vous le commandez en même temps que le Bigster, ou 1 990 € en seconde monte. Ajoutez à cela un Bigster TCe GPL d’entrée de gamme (24 990 € annoncés) et l’ensemble revient à quelque 26 500 €. Ça peut paraître dérisoire si on regarde du côté des fourgons déjà aménagés, lesquels culminent souvent à des niveaux qui feraient rougir le banquier le plus endurci. Prenons par exemple le vaste univers des vans compacts : un modèle équipé pour la nuit et équipé d’un mini-frigo décolle rarement sous les 45 000 €, avec des pointes au-delà de 60 000 € pour les versions plus garnies. Certains constructeurs germaniques franchissent gaiement la barre des 70 000 €, surtout si vous ajoutez un toit relevable, un vrai matelas et un coin cuisine. Même la gamme dite « abordable » chez certains généralistes peut flirter avec les 35 000 € à 40 000 €, sans compter les options de personnalisation pour la douchette, la moustiquaire ou le chauffe-eau.

Alors oui, le Pack Sleep ne vous fera pas de café le matin et vous devrez piocher ailleurs pour un minimum de confort, mais sur le plan purement budgétaire, il laisse un champ de liberté à ceux qui veulent s’aventurer sur les chemins de traverse sans troquer un rein. À ce prix, on fait abstraction du minibar et on se contente d’un réchaud portable ; on oublie la table pliante intégrée et on investit dans un pliant de camping. Inutile de préciser que dans le même ordre d’idée, un modèle plus statutaire venu d’outre-Rhin est facturé plusieurs fois la mise, alors qu’il faudra tout de même trouver un endroit pour stationner la nuit. Résultat : avec son duo Bigster + Pack Sleep, Dacia propose une aventure sur quatre roues à des tarifs qui ne provoquent pas un malaise vagal chez la plupart des banquiers. C’est un choix qui peut sembler spartiate, mais il répond à une envie de liberté accessible, loin des enveloppes XXL exigées pour les fourgons aménagés plus sérieux. Le compromis fait sourire, mais le porte-monnaie aussi.