La Nouvelle Mazda6e est une cinq-portes 100 % électrique, conçue pour attirer l’acheteur qui ne veut ni SUV, ni crossover, ni navette spatiale. À première vue, sa silhouette s’apparenterait à un coupé, grâce à un toit fuyant, des poignées de porte affleurantes et des portières sans cadre. L’idée est de flatter l’œil sans exhiber un style criard. L’aileron arrière motorisé ajoute un soupçon de mouvement pour les amateurs de petits effets : en stationnement, on peut le relever histoire de faire croire qu’on dispose de fonctionnalités d’avion de chasse (dans les limites du raisonnable).
Sous cet extérieur se cache un choix de deux batteries. La première, de 68,8 kWh, associe un moteur électrique de 190 kW (258 ch) à une propulsion qui revendique jusqu’à 479 km d’autonomie (WLTP). Les optimistes se diront que, dans la vraie vie, on dépassera quand même les 300 km en usage varié, de quoi calmer les angoisses sur l’aire d’autoroute. Selon Mazda, 15 minutes sur une borne à courant continu de 165 kW suffiraient à récupérer 235 km. Bien sûr, il faudra jongler avec la disponibilité des bornes, mais l’idée est claire : vous n’êtes pas censé stagner une demi-journée pour recharger.
Pour ceux qui aspirent à voir du pays (ou, du moins, les autoroutes), une déclinaison Grande Autonomie avec une batterie de 80 kWh propose 245 ch et 552 km selon la même norme WLTP. La puissance légèrement inférieure par rapport à la batterie plus modeste peut intriguer, mais rien de dramatique : 245 ch suffisent amplement pour les accélérations quotidiennes et même pour une petite fantaisie à la sortie du péage. Dans les deux cas, la vitesse maximale pointe à 175 km/h. Au-delà, même sur circuit, l’aiguille ne s’envolera pas, ce qui laisse présager un compromis technique axé sur l’efficacité plutôt que sur l’ivresse de pointe.
Avec un châssis annoncé comme étant rigoureux, la Mazda6e mise sur l’équilibre. La marque n’a pas cédé à la tentation des artifices mécaniques inutiles. La direction se veut directe, la propulsion apporte un petit côté joueur en virage serré (sans en faire un monstre de drift). Tout cela s’inscrit dans une philosophie mesurée, un peu à la manière d’un artisan consciencieux qui n’a pas envie de surpromettre.
À bord, les designers ont puisé dans un concept japonais nommé « ma », où l’espace et la simplicité se conjuguent. N’allez pas vous imaginer un habitacle nu : l’écran tactile de 14,6 pouces au centre du tableau de bord fait office de gros smartphone. On peut y vérifier la navigation, la connectivité, le système audio Sony à 14 haut-parleurs. Même le démarrage passe par l’application Mazda, qui remplace la clé traditionnelle par un accès Bluetooth. Une astuce pratique pour les amateurs de gadgets, mais attention à la batterie de votre téléphone : s’il tombe à zéro, vous risquez de faire la causette au trottoir.
L’ambiance, quant à elle, est modifiable via un éclairage paramétrable proposant 64 teintes. De quoi adapter le mood intérieur à votre humeur du moment. Les passagers profitent de dimensions généreuses, sans se frotter les épaules comme dans certaines citadines. Le toit panoramique inonde l’habitacle de lumière naturelle : si vous en avez assez, libre à vous de tirer le store pour retrouver un peu de pénombre.
La Mazda6e démarre à 42 900 € pour la finition Takumi (batterie 68,8 kWh, 258 ch). À ce prix, vous disposez déjà d’une sellerie en Beige ou en Noir, du fameux écran tactile, de la connectivité, et de tout un arsenal d’aides à la conduite. Si vous avez envie d’un intérieur en cuir Nappa Tan et de suédine, jetez un œil à la Takumi Plus, qui monte à 44 900 €. Sur la variante Grande Autonomie (80 kWh, 245 ch), on passe à 44 500 € en Takumi, et 46 500 € en Takumi Plus.
Comparé à certaines propositions du marché, cette grille tarifaire semble placée en embuscade, particulièrement pour un format de ce gabarit. À titre de repère, une Tesla Model 3, plus connue, joue dans une fourchette tarifaire concurrente (et évolue au gré des ajustements du constructeur américain). Voir Mazda s’aligner sur un tel segment a de quoi surprendre, surtout quand la marque revendique habituellement un côté premium à la japonaise.
Histoire d’ajouter un peu de sel à la formule, Mazda propose, jusqu’au 30 juin 2025, une offre de 400 € de recharge sur le Pass Chargemap x Mazda. Sur le papier, cela représenterait environ 5 000 km, si l’on se fie à des moyennes de consommation assez optimistes (mais pas totalement farfelues). S’y ajoute une remise de 30 % sur les recharges Ionity, un avantage non négligeable sur certaines aires d’autoroute, où la facture peut grimper en flèche. Évidemment, tout cela est valable un temps donné : au-delà, il faudra revenir aux tarifs classiques.
Difficile de ne pas faire la comparaison avec Tesla, l’une des têtes d’affiche du marché électrique. La Model 3 a longtemps régné sans trop de concurrence directe, du moins sur son segment. Or, Mazda vient jouer sur le même terrain, avec un style distinct, des finitions plus « traditionnelles » (voire plus cossues selon vos préférences) et des dimensions très proches. Quand on jette un œil à la fiche technique, la Mazda6e n’a pas la prétention de courser la Model 3 Performance sur une piste : 175 km/h de pointe, c’est honorable mais pas renversant. En revanche, l’argument « plus de 550 km d’autonomie » (pour la version Grande Autonomie) la rend légitime auprès de ceux qui roulent parfois sur de longues distances.
On pourrait suspecter un piège, un détail caché dans les notes de bas de page. Pourtant, la Mazda6e ne se pare ni de promesses folles, ni de superlatifs pour se donner de la contenance. Elle se contente de chiffrer des données cohérentes, en soulignant un design épuré et une propulsion silencieuse. Les offres liées à la recharge écartent d’emblée l’idée qu’on finirait ruiné par la facture d’électricité en début de parcours. On y retrouve la tradition Mazda d’un agrément de conduite sobre, assortie d’une pincée de high-tech.
Après avoir épluché la fiche technique, regardé le prix, et fouillé dans les offres de recharge, la réponse est : non, il n’y a pas de chausse-trappe. Cela peut sembler étrange venant d’une marque habituée à se positionner comme un constructeur au standing singulier, plus haut que le généraliste lambda. Pourtant, la Mazda6e vient clairement se placer face à des berlines électriques réputées, dont la Tesla Model 3. Autrement dit, Mazda compte séduire un public en quête de confort, de design maîtrisé et d’un tarif qu’on n’associe pas toujours à un segment considéré comme premium.
Pour résumer, la Mazda6e se dévoile avec un prix accessible pour sa catégorie, un soin dans la finition, des motorisations électriques bien calibrées, et un package de recharge alléchant. On peut sans doute trouver des raisons de chipoter sur l’autonomie réelle ou sur le style un poil sérieux, mais ce serait négliger le fait qu’une vraie berline électrique propulsion, à ce tarif, relève déjà de l’exception. Alors s’agit-il d’un complot pour attirer le chaland avant de relever les tarifs ? Rien ne permet de l’affirmer. Reste à savoir si ce positionnement inhabituel suffira à convertir les amoureux de la concurrence : c’est là le prochain défi.
D’ici là, libre à chacun d’aller toquer à la porte d’une concession pour jauger l’engin en personne. Entre une Tesla déjà rodée et cette Mazda6e nouvelle venue, il y a la place pour une saine rivalité. En tout cas, on ne peut plus dire que le marché de la berline électrique est monotone. Mazda débarque avec une fiche de prix décidément surprenante, qui ne cache pas vraiment de piège. C’est une façon de démocratiser une version grand format de la mobilité électrique, tout en préservant un certain confort de conduite. Finalement, c’est plutôt une bonne nouvelle pour la concurrence : plus on est de fous, plus on peut négocier les tarifs de recharge sur l’autoroute.
2023 14713 km Automatique Diesel
2018 64624 km Manuelle Diesel