Essai Bentley Flying Spur Mulliner Hybrid : j’ai failli devenir chauffeur de maître

À l’anglaise

Les temps changent et notre vision des choses s’affine avec les années. C’est un peu ce qui a conduit la marque anglaise à proposer cette version hybride afin de s’affranchir d’un malus castrateur, tout comme me guider une première fois vers la concession Bentley de Paris.

À mon arrivée, ne voyant pas le modèle annoncé dans la rue parmi les autres, j’ai eu la bonne surprise de découvrir la Flying Spur, dans cette magnifique teinte Blue Whisper, trôner fièrement dans la vitrine. Pour une première, c’est une première !

Passé les démarches habituelles, je me retrouve plus tard à pouvoir enfin la détailler. Et le moins que je puisse dire, c’est qu’elle en impose avec ses 5,30 m de long et plus de 1,97 m de large. Comme je suis habitué aux Mercedes Classes S (essayée ici) et Audi S8 (essayée là), elles paraissent minuscules à côté !

Le style britannique se ressent sur toutes les faces du véhicule : c’est sobre et élégant, avec une multitude de détails, à l’image des feux de route semblables à des cristaux, ou encore du logo « Flying B » rétroéclairé venant surplomber cette calandre à motif double diamant.

De l’extérieur, en dehors des badges Hybrid apposés sur les ailes, il est impossible de la distinguer des versions à motorisations nobles V8 et W12. La Flying Spur est un modèle destiné aux personnes souhaitant se faire conduire comme aux chauffeurs de maître, et plusieurs aspects sont ainsi à étudier.

L’ouverture des portes arrière est ample et permet à vos passagers de s’y glisser sans le moindre effort. Côté volume de coffre, l’hybridation ampute celui-ci de 69 l. Il passe donc à 351 l (vs 420 l). En comparaison, une A8 TFSI E, pourtant plus petite, bénéficie de 390 l.

Mais son avantage s’arrêtera là, car, clairement, lorsque l’on pose son séant à l’arrière, la différence de gamme est flagrante. Les sièges arrière offrent ainsi un meilleur maintien latéral et l’espace aux jambes, comme autour, est plus que généreux. Les détails de finition sont surtout irréprochables, entre inserts en aluminium, cuir tridimensionnel et réglages à foison pour le bien-être de vos passagers.

Son seul défaut est de ne pas disposer de configuration « lounge », pour vos passagers, avançant le siège du passager avant afin de pouvoir pleinement allonger ses jambes et les reposer. En passant à l’avant, l’ambiance est tout autant flatteuse et chaleureuse.

En tant que chauffeur, on se sent également valorisé et rapidement à l’aise. L’ergonomie du volant comme des commandes est assez instinctive et si la console centrale est chargée en boutons, chacun d’entre eux permet d’ajuster dans le moindre détail l’ensemble des fonctionnalités « confort » du véhicule (chauffage, massage…).

À bord, l’une des rares autres critiques que je pourrais émettre est du côté de l’infotainment, qui paraît daté par rapport à l’Audi A8, malgré le fait que les deux marques appartiennent au même groupe. Le GPS peine par moments et l’affichage des compteurs ne renvoie pas d’effet waouh, comme avec le Digital Cockpit chez Audi, et encore moins par rapport à une Classe S.

Un tapis roulant

Bentley a voulu simplifier l’utilisation de sa Flying Spur au maximum pour son chauffeur. La limousine démarre ainsi en silence lorsque la batterie dispose encore d’énergie. A contrario, elle bascule instantanément et sans à-coup sur le V6 essence. Les réglages sont ainsi minimes, point de récupération d’énergie au freinage à effectuer soi-même, le système utilisant le mode roue libre. Ainsi, au lever de pied, le moteur coupe toute énergie pour assurer une meilleure économie avant d’appliquer automatiquement et en fonction du contexte un freinage.

Si je reconnais que je suis peu habitué à ce mode de conduite, il reste aisé de prendre le pli et d’assurer une conduite fluide, quel que soit le terrain de jeu. Malgré un poids dépassant les 2,5 t, la Flying Spur s’élance sans difficulté dans les rues de la capitale.

Si l’autonomie annoncée de 41 km en 100 % électrique est dans la norme par rapport à d’autres marques, les 35 km réels restent suffisants pour mouvoir vos clients. Là où Bentley a particulièrement bien travaillé l’expérience de conduite, c’est au niveau des passages de rapports, comme de la bascule d’une motorisation à une autre.

Ceux-ci sont quasiment imperceptibles. À chaque kilomètre effectué, c’est une sensation de bien-être au volant qui s’en dégage tant les vibrations et les bruits extérieurs sont atténués au minimum, y compris sur autoroute. Il vous est ainsi possible de tenir une conversation avec votre passager arrière sans devoir élever la voix. Il est même conseillé de profiter d’un concert philharmonique afin d’apprécier chaque instrument avec l’incroyable installation audio Naim qui vient compléter le tout. La direction se veut précise, et on reste conscient de ce qu’il se passe sur le train avant, sans pour autant en subir les secousses grâce à la suspension pneumatique qui absorbe les irrégularités.

Celle-ci permet même à la Flying Spur de se lever de quelques centimètres afin d’éviter de frotter le bas de pare-chocs. Une fois la batterie vide, le système s’arrange pour conserver une réserve afin d’assurer quelques relances sans trop faire grimper la consommation en flèche. Pour ce genre de motorisation et compte tenu du poids, en adoptant une conduite anticipée et fluide, celle-ci s’est établie autour des 10-11 l/100 km, ce qui reste plus qu’honorable.

En revanche, une fois les chevaux lâchés, il devient aisé de siphonner les 80 l du réservoir d’essence et de devoir effectuer un plein rapidement. Lorsque celui-ci est fait, une autonomie approchant les 650 km est envisageable en conduite normale, mais, surtout, la Flying Spur vous montrera alors une autre facette de sa personnalité.

Avec un 0 à 100 km/h abattu en 4,1 secondes, elle sait se montrer étonnamment douce et dynamique à la fois. S’extraire en urgence ou essayer de rattraper le temps perdu ne sera pas un problème.

Si le besoin de recharger la Flying Spur se fait ressentir, vous pourrez récupérer la quasi-intégralité de l’autonomie en 1 h 45, le chargeur embarqué étant limité à 7,4 kW. Rien de neuf à l’horizon, les autres limousines hybrides affichant des chiffres sensiblement similaires.

Parlons investissement

Mais avec une configuration essayée au tarif de 247 000 euros (options incluses), cette Flying Spur est-elle au juste prix ? Il vous faut savoir que la Flying Spur se décline en 6 versions différentes, affichant des ambiances élégantes, sportives ou luxueuses. En fonction de votre choix, la ou les motorisations disponibles ne seront pas les mêmes. La marque a simplifié le processus de configuration en se recentrant avant tout sur les personnalisations du véhicule, avec une immense variété de teintes de carrosseries, de jantes, ou encore d’intérieurs et leurs détails. Seuls quelques rares packs ou options d’équipements sont proposés par la suite, dont certains indispensables, à l’image des aides à la conduite (pack facturé 6 480 euros sur mon modèle d’essai). Votre attention n’est ainsi portée que sur la configuration de votre Bentley, vous faisant oublier toute notion de tarifs (ceux-ci étant à discrétion). Quelque part, cette classe de véhicule peut s’affranchir de cette considération.

Si cette Flying Spur s’affiche au-dessus des Audi A8 et Mercedes Classe S, pour autant, ces dernières disposent d’arguments, à commencer par des tarifs plus « abordables ». La star des limousines (Classe S) voit sa plus haute finition en motorisation hybride démarrer à 150 490 euros pour des performances en retrait et disposant d’un nuancier assez terne. La qualité intérieure est tout de même bien présente, avec en prime un siège « lounge » et des équipements technologiques plus pointus, à l’image du GPS en réalité augmentée ou encore de l’infotainment plus fluide.

Il en sera de même pour l’Audi A8 hybride dont les tarifs, les ambiances et les équipements sont similaires, mais avec un style extérieur ouvrant la voie à un débat. En réalité, tout dépendra de votre statut, de l’image que vous souhaitez renvoyer, ou tout simplement de la clientèle que vous ciblez.