Range Rover SV Black : la symphonie noire du bitume

Le silence est d’or, mais le noir est roi

Depuis 55 ans, le Range Rover cultive son goût pour la distinction sans effort. Mais 2025 marque un virage chromatique radical. Le SV Black, dernier rejeton de la lignée SV, n’a pas seulement trempé ses jantes dans l’encre : il semble s’être immergé tout entier dans un bain de noir Narvik Gloss, jusqu’à en absorber la lumière. Le résultat ? Un monolithe roulant, aussi sobre qu’imposant, dont chaque surface réfléchit le monde comme un miroir de cérémonie funèbre.

Calandre, lettrage, logos, étriers, jantes de 23 pouces : tout y passe. Même les détails autrefois chromés se parent d’un sombre éclat. Et pour les fétichistes de l'obsession monochrome, l’arrière arbore un discret mais très cérémonieux médaillon SV en céramique noire, tel un sceau de noblesse tatoué sur le hayon.

Les sièges qui vous veulent du bien

Mais c’est à l’intérieur que les choses deviennent véritablement sensuelles — ou troublantes, selon votre rapport au tactile. Le SV Black inaugure ce que Range Rover appelle le « Body-and-Soul-Seat » (BASS pour les intimes), désormais couplé à un dispositif de “Sensory Floor”. En clair : des transducteurs planqués sous les tapis de sol épais comme un plaid écossais viennent transformer le plancher en scène de concert… ou en spa à roulettes.

Posez vos pieds nus sur la moquette, lancez une playlist (ou l’un des six programmes “bien-être”) et laissez les vibrations vous parcourir. Vous n’écoutez plus la musique, vous l’habitez. Du bout des orteils à la nuque. À ce niveau-là, ce n’est plus de l’automobile, c’est du ASMR haut de gamme.

Les ingénieurs affirment que ces pulsations synchronisées réduisent le stress, améliorent la concentration et fluidifient la pensée. Ce qui pourrait bien transformer le Range Rover SV Black en meilleur bureau mobile pour patrons angoissés.

Un intérieur de club très fermé

L’ambiance à bord ? Une sorte de gentlemen’s club post-apocalyptique. Le cuir Near-Aniline Ebony caresse les sièges d’un noir aussi profond que le regard d’un majordome londonien, agrémenté d’une broderie perforée que seul un tailleur de Savile Row aurait osé dessiner. Les boiseries, elles, ne sont pas en chêne centenaire ou en noyer laqué, mais en bouleau noir satiné. Sobre. Glacial. Délicieusement british.

Même le levier de vitesse, souvent relégué à une fonction purement mécanique, devient ici un totem de raffinement, gainé de céramique satinée. Le chrome, relégué au rang de vieillerie, laisse place à un Moonlight Chrome plus subtil, plus discret, plus... SV.

La cavalerie, sans hennissement

Évidemment, on ne construit pas un trône sans muscles. Sous le capot, le SV Black embarque un V8 de 615 chevaux. Une motorisation qui pousse fort, sans bruit inutile, à l’image du personnage. Pas de rugissements démonstratifs ici : le couple s’exerce avec calme, comme un majordome qui pousserait un piano à queue d’un doigt ganté. Le genre de puissance qui ne s’exhibe pas, mais qui se fait sentir — surtout quand le plancher vibre déjà.

Disponible en version standard à cinq places ou en empattement long avec quatre ou cinq sièges, le SV Black ne s’adresse pas à ceux qui cherchent un SUV pratique. Il s’adresse à ceux qui ont besoin de silence, de confort, de masse, de matière... et d’un peu de mystère.

Des pneus aussi verts que noirs

Et pour parfaire l’exercice de style, Range Rover introduit aussi ses nouveaux pneumatiques Pirelli P Zero écoresponsables. Composés à plus de 70 % de matériaux bio ou recyclés — du caoutchouc certifié FSC aux résidus de riz reconvertis en silice — ces boudins de 22 pouces ajoutent une touche de conscience à l’orgie de noir brillant. Comme quoi, même les SUV de 2,5 tonnes peuvent faire un pas vers la rédemption écologique, à condition d’avoir des semelles bien pensées.