Circuit des Remparts : Angoulême, capitale éphémère des gladiateurs mécaniques

Tout commence à Angoulême, ou presque. Avant d’atteindre les remparts, il fallait d’abord trouver un destrier. Pas un pur-sang italien ni une anglaise capricieuse, mais une Honda Civic hybride, toute neuve, confiée par Honda France pour ce voyage. Le groupe OTO, concession locale, m’a remis la clé comme un passeport. La berline n’avait rien d’une diva : elle se contente de consommer comme une moineau, un peu d’essence, un peu d’électrons, et beaucoup de discrétion. Un choix logique : quand on s’apprête à plonger dans l’huile de ricin et la fumée de moteurs centenaires, mieux vaut arriver sobre.

Les routes de Charente se sont déroulées comme des pages de roman. Vignes alignées, vallons arrondis, villages figés dans le temps… La Civic glissait, imperturbable, son moteur quatre-cylindres et sa batterie compacte formant une alliance silencieuse. Une voiture d’aujourd’hui pour rejoindre une fête d’hier.
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Les portes du temps

Angoulême n’est pas seulement la capitale de la bande dessinée. Une fois par an, la ville se transforme en circuit. Ses remparts, construits pour repousser les envahisseurs, accueillent désormais des voitures qui n’ont pas peur de s’y fracasser une suspension. Le tracé de 1279 mètres, inchangé depuis 1939, est une anomalie dans un monde où tout se réglemente. Trois épingles, des descentes abruptes, des pavés glissants : de quoi faire passer Monaco pour une autoroute.

Et cette année, un invité d’honneur planait partout : Michel Vaillant. Le héros de papier reprenait vie, affiché sur les murs, sur les stands, jusque dans les conversations. Sa Vaillante Grand Défi roulait vraiment, pilotée par Marc Duez, comme si la fiction s’était échappée d’un album.

En franchissant les portes de la vieille ville, on avait l’impression d’entrer dans une bulle temporelle. Les pavés vibraient déjà sous les premiers camions plateau, les terrasses débordaient de passionnés, et les regards se levaient vers les remparts comme vers une arène romaine.


Le bal des élégantes

Le vendredi soir, tout commence par le Concours d’Élégance. Les projecteurs s’allument, les carrosseries brillent, et les équipages défilent comme à une soirée mondaine. François Allain, président du jury, commente, tandis qu’Igor Bietry ponctue de petites piques historiques.

Dans la foule — plus de 5 000 spectateurs — on applaudit des silhouettes qui datent d’avant la naissance de certains grands-parents. Une AC ACECA de 1957 s’impose « Best of Show », preuve qu’une belle ligne peut résister à toutes les modes. À ses côtés, six motos rappellent que l’élégance n’est pas réservée aux voitures. Les tenues d’époque, assorties aux carrosseries, donnent l’impression que les équipages ont traversé les décennies sans froisser un pli.

La Honda Civic, garée un peu plus loin, observait sans doute tout ça avec une certaine ironie. Elle qui revendique une sobriété millimétrée voyait défiler des machines pour qui l’aérodynamique n’était qu’un mot de dictionnaire.

Les rallyes champêtres

Samedi matin, cap sur la campagne. Trois rallyes, trois époques. Les doyennes d’avant 1914 quittent Angoulême avec la lenteur majestueuse de vieilles dames escortées. Les « Légendes » (1914-1959) rappellent qu’entre-deux guerres, l’automobile pouvait être légère, fine, nerveuse. Enfin, le Rallye International de Charente rassemble 200 voitures d’après 1960, avec des équipages venus de 18 pays différents.

Le convoi file vers la base aérienne de Cognac. Là, au milieu des bâtiments militaires, les voitures stationnent comme des soldats en uniforme. Voir une Bugatti ou une Alfa Romeo alignée devant un hangar de l’armée avait quelque chose de surréaliste. Les spectateurs, massés le long des routes, saluaient chaque passage comme si c’était un défilé national.

La Civic e:HEV, fidèle monture moderne, suivait sans broncher. Elle n’avait pas le panache d’une Type 35, mais son compteur de consommation affolait les technophiles : moins de 5 litres aux 100 km, sur les petites routes sinueuses de Charente. L’histoire et la modernité roulaient côte à côte.


Le chaos sublime

Dimanche, les choses sérieuses commencent. Et la météo décide de participer. Une pluie fine s’installe, lavant les pavés et compliquant le travail des pilotes. Sur les 1279 mètres du circuit, les voitures se succèdent, réparties en plateaux : Bugatti Brescia, GT d’avant-guerre, barquettes des années 1980.

Les spectateurs affluent : 11 000 dans l’enceinte payante, des milliers d’autres massés aux fenêtres et aux virages. Quand les 20 Bugatti Brescia du plateau Raymond Mays déboulent en meute, le bruit résonne comme un tonnerre ancien. Philippe Monneret, lui, rend hommage à son frère en chevauchant une moto Gileta 4 cylindres de 1954. Derrière lui, 22 machines d’un autre siècle rappellent que la moto aussi a écrit l’histoire des Remparts.

Le Concours d’État a récompensé une Venturi 400 GT de 1994, rareté française au châssis affûté. Dans une époque obsédée par l’électrique, cette GT rappelait qu’à l’aube des années 1990, nous avions encore le droit de rêver avec un V6 biturbo.

Et puis il y avait les Vaillante Grand Défi, 8 exemplaires évoluant sur le tracé, preuve que la frontière entre bande dessinée et réalité est parfois aussi fine qu’un trait de plume.

Conclusion:

Départ prématuré

Je n’ai pas vu la fin. Parfois, les romans se terminent sur une phrase suspendue. Après trois jours d’immersion, il a fallu repartir. La Civic m’attendait, fidèle, prête à me ramener au quotidien. Derrière moi, la pluie continuait de tomber sur les pavés, les spectateurs applaudissaient, et les moteurs tournaient encore.

Quitter Angoulême dans ces conditions, c’est comme sortir d’un film avant le générique. Mais l’histoire ne s’arrête pas. La 54e édition du Circuit des Remparts est déjà annoncée : du 18 au 20 septembre 2026. Et cette fois, je serai là jusqu’au bout.

Car il y a des événements qui ne se racontent pas seulement : ils se vivent, avec l’odeur d’essence, la vibration des pavés, et le bruit des moteurs d’un autre temps.


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