Vendredi matin, gare Montparnasse. Les halls résonnent des annonces mécaniques d’une autre époque : « le TGV à destination d’Angoulême va entrer en gare, voie 3 ». On pourrait croire à une course contre la montre, mais ce n’est qu’un train de banlieue longue distance, lancé sur les rails vers la Charente. À bord, les passagers pianotent sur leurs téléphones, indifférents au fait qu’ils roulent à plus de 300 km/h, vitesse que même une Bugatti Brescia peinerait à imaginer en 1920.
Pourquoi Angoulême ? Parce qu’ici, Honda France et son partenaire le groupe OTO nous convient à découvrir la nouvelle Civic e:HEV millésime 2026. Pas dans un hangar aseptisé ni sur un circuit high-tech entouré de grillages, mais dans l’ambiance unique du Circuit des Remparts. Un décor de carte postale : pavés, cathédrale, murailles, et une foule bigarrée qui mélange amateurs de vieilles mécaniques, puristes du patrimoine roulant et enfants collés aux barrières, les yeux brillants devant des autos qui sentent l’huile chaude.

Le théâtre des Remparts
Le
Circuit des Remparts, c’est une pièce en trois actes.
Vendredi soir, lever de rideau avec le
Concours d’Élégance : 27 voitures et 6 motos défilent sous les projecteurs, pilotées par des équipages costumés façon dandy d’avant-guerre. Ici, on applaudit une AC Aceca de 1957 qui décroche le titre de «
Best of Show », là une
Venturi 400 GT de 1994 qui vole la vedette aux anglaises amidonnées. Samedi,
place aux rallyes : les doyennes d’avant 1914, les légendes d’avant 1960, et les internationales venues de 18 pays différents. Dimanche enfin,
les courses. Le tracé ? 1 279 mètres en ville, inchangé depuis 1939. Autrement dit, un ruban de bitume qui serpente entre façades et trottoirs, où la moindre erreur se paie en éclats de phare et d’orgueil.
Cette année, l’invité d’honneur n’était autre que
Michel Vaillant, revenu en chair, en bulles et en albums. On a même vu des Vaillante Grand Défi tourner sur le circuit, sous les acclamations d’un public qui confondait parfois fiction et réalité. Ajoutez à cela un
plateau de
Bugatti Brescia,
Philippe Monneret au guidon d’une
Jonghi TJ4 de 1933, et quelques gloires des
24 Heures du Mans venues saluer la foule, et vous obtenez un festival où la nostalgie se mélange à la poudre d’échappement.
Dans ce décor survolté, la
Honda Civic 2026 joue un rôle paradoxal : celui de l’invisible. Entourée de
Maserati carrossées à la main et de
Lancia Stratos couvertes de poussière de rallye, elle ne détourne pas un regard. Et c’est peut-être là son premier mérite : elle n’a rien à prouver à des voitures de légende.
La Civic 2026 : l’art du statu quo
Honda ne s’est pas embarrassé de réinventer sa berline compacte. Les ingénieurs ont préféré le subtil au radical : un bouclier avant redessiné, des optiques plus affûtées, la disparition des antibrouillards, de nouvelles jantes bicolores et une couleur inédite baptisée Bleu Okinawa. C’est mince, diront certains. Mais les amateurs de
Civic savent qu’il ne faut pas toucher à l’équilibre : silhouette sobre, profil un brin sportif, hayon pratique.
Sous le capot, rien n’a bougé : le système
hybride e:HEV aligne toujours ses 184 chevaux, fruits d’un mariage arrangé entre un quatre cylindres atmosphérique et un moteur électrique. La mécanique thermique joue les chefs d’orchestre, moulinant en arrière-plan pour alimenter les batteries et donner l’illusion d’un flux ininterrompu. Résultat : une consommation mesurée à moins de 5 l/100 km en ville, 5,5 en périurbain, et à peine plus de 6 litres sur autoroute. Pas de quoi remplir les colonnes d’un manuel de records, mais assez pour traverser la France sans vendre un rein aux stations-service.
À l’intérieur,
Honda a noircit le ciel de toit, ajouté quelques inserts chromés mats et, sur la finition Advance, un éclairage d’ambiance qui n’éblouira personne mais flattera l’œil. On retrouve l’écran conducteur de 10,2 pouces, une instrumentation claire, et désormais un chargeur à induction sur la finition Executive. Bref, rien qui mérite un feu d’artifice, mais tout ce qu’il faut pour contenter une famille moderne.
La Charente comme terrain de jeu
Quittons les remparts pour la campagne. Direction
Cognac, Pineau et ces routes charentaises qui serpentent entre vignes et clochers. La
Civic hybride se sent ici comme un poisson dans l’eau : son châssis inspire confiance, précis et stable,
digne d’une GTI. Le moteur, sans être explosif, sait offrir des reprises franches pour doubler un tracteur ou un SUV distrait.
On découvre alors les deux visages de cette
Honda Civic. Le premier, plaisant, voire joueur, quand la route se plisse et que le bitume appelle à hausser le rythme. Le second, plus banal, lorsque l’autoroute ramène son lot de bruits de roulement. L’insonorisation reste le maillon faible : sur voie rapide, il faut soit hausser le volume du multimédia, soit couper le son pour converser avec les passagers. Dommage, car l’espace intérieur est généreux, l’habitabilité arrière confortable, et le coffre carré pratique, même si son volume brut n’impressionne pas.

Toujours la meilleure berline hybride ?
Alors, cette
Civic 2026, que vaut-elle face aux fantômes des remparts et aux SUV qui pullulent dans nos rues ? Elle ne fait pas tourner les têtes comme une
Civic Type R. Elle ne brille pas par des nouveautés fracassantes : pas de révolution mécanique, pas de gadgets délirants. Mais elle continue d’incarner une certaine idée de la voiture compacte : fiable, économe, agréable à mener et suffisamment spacieuse pour la vie de famille.
Son prix, lui, a même baissé de 850 € par rapport au millésime 2025. Les peintures métallisées sont désormais de série, sauf un rouge premium facturé 200 €. La gamme débute à 36 870 € pour la
Civic Executive et grimpe à 41 570 € pour la
Civic Advance. De quoi rester compétitive dans un segment saturé de SUV grimés en berlines hautes sur pattes.