À première vue, la B05 ressemble à une voiture qui se serait perdue entre un sketchbook d’étudiant en design et une planche d’ingénieur. Longue de 4,43 m et large de 1,88 m, elle occupe l’espace avec assurance, comme un joueur de rugby invité à une partie de mikado. Les proportions sont équilibrées, avec un empattement de 2,73 m, suffisant pour loger quatre adultes et leurs états d’âme, mais pas leurs valises de vacances. La hauteur de 1,52 m l’empêche de grimper dans la catégorie SUV, ce qui est presque une provocation en soi.
Les détails ne manquent pas : jantes alliage de 19 pouces, portes sans cadre, lignes tendues comme un jean slim… bref, tout ce qu’il faut pour donner le sentiment de rouler dans quelque chose de différent, sans que cela vire à la caricature. La marque parle d’esthétique « Tech-Nature ». En clair : une voiture qui doit évoquer la technologie et la nature à la fois. On attend encore la version forêt tropicale avec mise à jour OTA pour les chants d’oiseaux.
Sous cette carrosserie, on retrouve la promesse habituelle : zéro émission, silence de cathédrale et couple instantané. Leapmotor n’a pas encore détaillé la puissance exacte de ce B05, mais se plaît à répéter qu’il est agile, réactif et parfaitement adapté à la ville. En d’autres termes, il ne devrait pas rivaliser avec une sportive sur l’Autobahn, mais se faufiler tranquillement dans les embouteillages en affichant fièrement son logo encore méconnu sur le Vieux Continent.
Là où Leapmotor joue sa carte, c’est sur l’intelligence embarquée. La maison mère adore rappeler que ses voitures sont « intelligentes ». Ce qui, en langage automobile actuel, signifie que le B05 saura peut-être garer mieux que vous, et qu’il comprendra vos ordres vocaux… du moins si vous parlez mandarin standard avec diction parfaite.
La vraie trouvaille se cache dans les chiffres. Avec 1,88 m de large, le B05 est officiellement le plus large de son segment. Pourquoi est-ce important ? Parce que Leapmotor veut faire croire que cette dimension garantit à la fois la stabilité routière et l’espace intérieur. En réalité, c’est aussi une manière élégante de dire : « Vous allez gratter les trottoirs de Paris en permanence, mais au moins vous aurez de la place pour bouger les coudes. »
La B05 n’est pas seulement une voiture, c’est une tentative de percée. Après avoir installé quelques modèles en Chine, Leapmotor vise désormais l’Europe, ce marché exigeant où les clients aiment râler sur la finition, la recharge et la couleur des surpiqûres. Le discours officiel promet un modèle « accessible », ce qui, dans un futur proche, se traduira probablement par un prix placé sous les ténors électriques européens. De quoi séduire une génération qui hésite encore entre trottinette connectée et leasing automobile.
« B05 est bien plus qu’une voiture — c’est une déclaration », affirme Zhu Jiangming, patron mondial de Leapmotor. Une déclaration, peut-être. Mais laquelle ? Qu’il est possible de lancer une compacte électrique au look affûté sans tomber dans la caricature du SUV ? Qu’on peut donner envie aux jeunes urbains en leur vendant un objet qui ressemble davantage à un smartphone sur roues qu’à une automobile classique ? Ou tout simplement que Leapmotor ne compte pas rester dans l’ombre de ses compatriotes déjà installés, comme BYD ou MG ?
Quoi qu’il en soit, le B05 arrive au bon moment. L’Europe cherche encore son nouveau souffle pour la citadine électrique. Les constructeurs historiques hésitent, les normes se resserrent, et les clients se demandent encore si 400 km d’autonomie suffisent pour aller à la plage. Dans ce vide stratégique, Leapmotor s’avance, large d’épaules et sûre de son pari.
La suite dépendra de deux choses : la capacité de Leapmotor à proposer un tarif cohérent, et la réaction d’un public européen qui n’aime pas qu’on bouscule ses habitudes… sauf quand il s’agit de réclamer un prix plus bas. Si le B05 parvient à combiner style urbain, espace correct et technologie embarquée sans se perdre dans les promesses marketing, alors cette « déclaration » pourrait bien trouver son auditoire.
En attendant, la B05 reste un symbole : celui d’une Chine automobile qui ne se contente plus de copier, mais qui cherche à imposer sa propre grammaire stylistique et technologique. Et pour une fois, il faudra peut-être tendre l’oreille, plutôt que hausser les épaules.
2023 61544 km Manuelle Diesel
2024 11293 km Automatique Diesel
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