Essai Ford Bronco : victime des braconniers écologiques

This is America, yeah !

Afin de vérifier cela, quoi de mieux que d’aller se perdre au fin fond des Yvelines, là où les forêts sont denses, humides malgré les fortes chaleurs, et surtout isolées de toute présence humaine. Toutes, non, car Ford nous a donné rendez-vous au Forest Hill, spécialisé dans ce genre d’évènement.

En découvrant ce nouveau Bronco, la première chose qui me frappe (en dehors d’une branche que je n’ai pas vue), c’est son gabarit : il en impose bien plus qu’en photo et c’est un sacré bestiau qu’il faudra dompter. C’est d’ailleurs bien simple : à côté de lui, le Ranger paraît presque plus discret. 25 ans se sont écoulés entre le Bronco originel et ce nouveau modèle.

Ce dernier puise ainsi son inspiration dans son histoire en reprenant des éléments de design du modèle originel, à l’image de la face avant. Faisant écho à celle des années 60-70, le regard de ce nouveau modèle est une réussite, à mon sens, avec une signature lumineuse simple et imposante ornementée d’un « BRONCO » encadré par les feux.

Cette version 2023 va également puiser son inspiration du côté des récentes productions, à l’image du populaire F-150 et enfin de la récente Mustang. En l’observant de plus près, on sait instantanément à quoi s’attendre avec cette forme cubique et ces pneumatiques tellement imposants que même des jantes de 18 pouces semblent s’y perdre.

À noter les petits aspects pratiques qui fourmillent dans ce véhicule, à l’instar des accroches qui se retrouvent sur le capot afin d’y passer des cordages. Dans un catalogue aux couleurs punchy, cet exemplaire du Ford Bronco, qui me toise du haut de sa couleur jaune, détonne avec les couleurs verdoyantes du cadre… et de cadre, il lui en manque justement, celui-ci étant tout bonnement dépourvu de ses portières comme de son toit !

La modularité est l’un des points forts de ce Bronco afin de vivre l’aventure en fonction de l’environnement dans lequel vous évoluez. Envie de liberté comme de visibilité ? Il vous est possible d’en retirer le toit rigide comme les 4 portes avec un outil unique, convertissant au passage le coffre de 471 l en benne XXL. Si la manipulation nécessite un temps d’adaptation, elle reste tout de même à la portée de tous.

Avant de pouvoir tester ce véritable 4x4 (ôtez de votre esprit ce SUV auquel vous pensez), l’aventure, c’est également pouvoir dormir à l’extérieur, en toute tranquillité. Ainsi, durant cette découverte, un autre exemplaire du Bronco était présenté avec une tente en guise d’extension du coffre. En grimpant à l’intérieur de ce Bronco nouvelle génération (car oui, il est haut d’accès), on s’aperçoit que celui-ci est avant tout fonctionnel et plutôt cubique dans son design.

Il y a certes beaucoup de plastique, mais c’est avant tout pour offrir de la robustesse et surtout une facilité en cas de lavage de l’intérieur. Les compteurs sont lisibles, mais il faudra se plonger dans leur configuration afin d’afficher les informations voulues, tandis qu’en milieu de planche de bord trône un écran tactile de 12 pouces plutôt réactif et fluide. Si vous aimez la position haute de vos SUV, vous allez être ravi dans ce Bronco, étant donné qu’une fois qu’on est bien installé (merci le maintien et les réglages de siège), la plupart des commandes tombent bien sous la main, notamment la molette permettant de régler les différents modes de conduite.

Seules les commandes de vitre positionnées en dessous de l’accoudoir central peuvent perturber les premières fois. S’il est remis au goût du jour au niveau design, le Bronco l’est également sur la partie connectique et les aspects pratiques. Il dispose dorénavant d’un chargeur à induction, de prises USB, d’un large accoudoir ou encore de porte-gobelets. L’arrière étant prévu pour 2 passagers, les adultes auront assez de place aux jambes pour effectuer quelques virées avec vous, comme de longs trajets.

Si la banquette est bien creusée, les assises manquent un poil de maintien aux cuisses, vous imposant de vous cramponner aux poignées situées sur les dossiers des sièges avant. Pour peu que vous disposiez de la roue de secours attachée à l’arrière, le chargement du coffre manque de praticité : au contraire d’une BMW Série 5 Touring et de sa lunette indépendante, il faudra ainsi ouvrir dans un premier temps la partie basse avant de pouvoir ouvrir à son tour la partie haute.

Un vrai baroudeur accessible à tous ?

C’est un peu la question que je me suis posée en voyant ce Ford Bronco. Si je ne doute point de ses capacités, manœuvrer un tel engin n’est pas donné à tout le monde. Car une fois sur la route, si j’ai pu me sentir à l’aise sur les routes de campagne désertes, je l’étais bien moins en traversant les villages aux rues étroites.

Fort heureusement, la position de conduite permet de bien prendre conscience des proportions de l’engin et de comprendre où sont les angles du véhicule… ce qui me sera utile bien plus tard. Pour ce qui est des reprises, point d’inquiétude à avoir, car il est équipé d’un V6 EcoBoost 2,7 l développant 335 chevaux et 563 Nm de couple.

Le Bronco sait se montrer réactif lors des reprises, dévoilant au passage une sonorité enivrante. Seul le poids du Bronco, avec plus de 2,2 t sur la balance, se sentira lors des enchaînements de virages.

Côté consommation, après un moment passé sur les routes de campagne, la moyenne s’est établie autour de 14 l en s’autorisant quelques reprises. Compte tenu de la puissance et du poids, cela reste raisonnable. Bref, le Bronco assure sur la route mais montre qu’il est taillé pour d’autres types de terrains.

C’est d’ailleurs pour cela que le retour dans la forêt s’est fait désirer, car effrayer les automobilistes avec ses 1,93 m de largeur sur les petites routes est amusant un temps, mais ce sont surtout ses capacités off-road qui rendent ce Bronco séduisant. En s’engouffrant progressivement dans la forêt épaisse, on va dans un premier temps laisser le système gérer la répartition de couple pour mieux se concentrer sur les branches en tous genres qui entravent les côtés du chemin avant que les choses ne commencent à se compliquer.

Le terrain est accidenté et la route caillouteuse comme jamais. Du coup, le style du Bronco va de pair avec le niveau de confort : c’est fonctionnel avant tout et on se retrouve balloté de toute part, mais le confort global reste bon. Étonnamment, ce ressenti est amoindri à son volant. Mais, ce qui étonne le plus, c’est la simplicité d’utilisation du 4x4 une fois que l’on comprend à quoi servent les modes de conduite et les fonctionnalités proposées.

En piochant ainsi parmi les 7 modes de conduite (normal, sable, roche…) et les 4 fonctionnalités tout-terrain (4L, 4H…), il est ainsi possible d’adapter sa conduite de manière précise en fonction des conditions (passage de gué, pente…). Après avoir délaissé le mode 4H propice à ce terrain accidenté mais encore praticable à rythme normal (d’autant que le Bronco ne bronche guère), il est temps de s’exercer sur des portions plus serrées et en pente, avec le mode 4L où le système va appliquer un rapport de démultiplication plus court afin d’augmenter le couple.

Nécessitant une certaine finesse dans le dosage de l’accélérateur comme avec la direction, l’exercice reste malgré tout un jeu d’enfant et à aucun moment je ne me sens largué par la prise en main du Bronco. En coulisse, le Bronco embarque tout un tas d’électroniques et de mécaniques qui sont là pour faciliter votre progression en terrain hostile et vous aider à vous concentrer au maximum sur la conduite, y compris dans des endroits confinés.

Le Trail Turn Assist 3 réduit alors le rayon de braquage en freinant la roue intérieure, et autant vous dire que cela s’est avéré très utile dans certains recoins où il fallait manœuvrer au centimètre près. Là encore, merci, la position de conduite haute ainsi que la caméra avant permettant d’évoluer en toute sécurité. Si vous doutez de votre capacité à franchir un terrain qui s’avère impossible, le 4x4, lui, n’en redoute aucun, y compris les passages de gué de 80 cm.

La version Badlands dispose en effet d’un blocage du différentiel avant et d’un système de déconnexion de la barre antiroulis avant, histoire de pouvoir faire le grand écart sans risque de casse (un peu à la Jean-Claude Van Damme). Allez, histoire de chipoter un peu, n’espérez toutefois pas courir le Camel Trophy avec ce Ford Bronco, le moteur n’étant pas prévu pour baigner dans les étangs, mais ce 4x4 Ford procure un pur plaisir lors des franchissements et conquêtes de nouveaux territoires, à l’image de l’Amérique en somme.

Un futur collector, mais à quel prix ?

Si l’on ne peut que saluer l’initiative de la marque américaine de commercialiser une telle icône dans nos contrées, le 4x4 se retrouve directement plombé par un malus allant de 38 250 € à 40 250 € en fonction de la finition, soit 50 % du prix de base du Bronco…

Alors, avec des tarifs allant de 76 500 € pour la finition Outer Banks à 80 500 € pour la version badass Badlands, qui inclut un ensemble d’équipements pour emmener sans encombre le Bronco sur les terrains les plus difficiles, la facture va être salée.

Malgré une dotation en équipements conséquente avec les suspensions Hors 2,0 Bilstein, la barre stabilisatrice déconnectante, ou encore le différentiel AV et AR avec blocage, un équipement routier complet en plus des équipements de confort traditionnels (sièges chauffants, surveillance des angles morts, régulateur adaptatif…), la pilule d’un montant de 114 700 € à 120 750 € est quasiment impossible à avaler.

Face à ce Bronco, la concurrence a préféré jouer le jeu du bon élève écologique en introduisant des motorisations hybrides à l’image du Jeep Wrangler 4xe, ou encore du Land Rover Defender 110 P400 hybride. Le concurrent américain historique voit ses tarifs démarrer à 80 700 € pour 2 finitions suffisamment bien optionnées de base pour éviter d’alourdir la facture.

À l’image de ce Bronco, l’intérieur reste fonctionnel mais le comportement est un peu plus sec en amortissement, et le Wrangler peut se targuer d’être plus compatible avec les trajets urbains en pouvant parcourir jusqu’à 50 km en mode 100 % électrique avant de pouvoir profiter de 380 chevaux en puissance cumulée.

Si vous souhaitez toutefois plus de raffinement et un peu plus de performances, il existe également le Land Rover Defender 110 P400e avec des tarifs démarrant à 83 500 € et 404 chevaux de puissance cumulée.

Les versions de base sont toutefois moins généreuses que celles du Bronco, et il faudra opter pour un niveau de finition plus élevé faisant grimper la facture… mais qui restera malgré tout plus abordable que celle du 4x4 américain : cruelle réalité.