Stellantis vs BYD : C'est ki ki, qui a la plus grosse ?

Antonio Filosa, le déclencheur

Tout commence avec Antonio Filosa, directeur général de Stellantis. Dans un coin du salon, au milieu des stands étincelants et des discours convenus, il lâche une petite phrase assassine :

« En Allemagne, Leapmotor a vendu plus que BYD. »

Traduction : « Regardez mon copain Leapmotor, il a une plus grosse collection que toi. »
Évidemment, cette déclaration n’est pas neutre. Stellantis détient une participation dans Leapmotor. C’est un peu comme encourager son propre fils lors d’un match de foot scolaire : on trouve toujours qu’il court plus vite, qu’il tire plus fort, même si l’arbitre n’a pas sifflé le but.

BYD, l’élève susceptible

Et là, patatras : BYD se sent humilié. Comme ce gamin à lunettes qu’on traite de minus, le constructeur chinois n’a pas supporté l’affront. Alors, ni une ni deux, il dégaine sa calculette, ses classeurs Excel et ses tableaux colorés. Et envoie, dès le lendemain, un communiqué de presse en bonne et due forme, daté de Milan.

La réplique est cinglante :

• 8 610 immatriculations entre janvier et août 2025 en Allemagne.

• Leapmotor ? Seulement 3 536 unités.

• Dans le détail : BYD, c’est 5 852 BEV et 2 757 PHEV, contre 3 088 BEV et 448 PHEV pour Leapmotor.

On l’imagine presque hurler dans la cour de récré : « C’est pas vrai, c’est moi qui ai la plus grosse ! Regarde, j’ai même les chiffres ! »

L’orgueil démesuré

Mais BYD ne s’arrête pas là. Non, le gamin vexé veut désormais humilier tout le monde. Alors il s’en prend aux voisins de palier.

• Alfa Romeo ? Seulement 5 226 immatriculations. Pff, des petits joueurs.

• Jeep ? 350 BEV, 569 PHEV, soit moins que ses propres scores. Et hop, encore un qu’on ridiculise à la cantine.

Bref, BYD fait le malin. Il veut montrer qu’il n’est pas seulement plus grand que Leapmotor, mais aussi déjà plus fort que des marques centenaires. On se croirait dans la cour quand un gamin se met à comparer la taille de ses baskets avec celles de tous les autres, histoire de s’assurer que tout le monde a bien compris qui dominait.

Stellantis et Leapmotor : le parrain et son protégé

De son côté, Stellantis n’est pas vraiment innocent dans cette affaire. En mettant en avant Leapmotor, Antonio Filosa a tenté un petit coup de communication. Comme un père fier qui déclare à voix haute : « Mon gamin est premier de la classe. »

Sauf que dans la vraie vie, Leapmotor reste un outsider en Allemagne, loin derrière BYD en volume. L’affirmation de Filosa, volontairement orientée, avait donc un seul but : exister médiatiquement et montrer que son petit protégé chinois n’était pas totalement insignifiant. Malheureusement pour lui, il a tendu une perche énorme à BYD. Et le rival s’en est emparé pour jouer les coqs dans la basse-cour.

Le ridicule en pleine lumière

Ce qui frappe dans cette querelle, ce n’est pas la véracité des chiffres. Les statistiques automobiles, on sait qu’elles varient selon les périodes, les segments, les définitions. Ce qui amuse, c’est la façon dont elles sont brandies. Stellantis balance une phrase comme une provocation. BYD répond avec un communiqué surdimensionné, en multipliant les comparaisons inutiles.

On est loin de la stratégie discrète et feutrée qu’on attendrait d’un constructeur mondial. On assiste plutôt à une partie de « qui a la plus grosse kekette » sous les yeux des journalistes. Et le plus drôle, c’est que ce concours d’ego ne change rien au quotidien des clients, qui eux se demandent juste si la voiture est fiable, confortable, et à combien s’affiche la mensualité du leasing.

La cour de récré européenne

Ce petit épisode en dit pourtant long sur l’ambiance en Europe. Les constructeurs historiques, inquiets face à la montée en puissance des marques chinoises, se crispent. Stellantis, en s’alliant à Leapmotor, tente d’utiliser une partie de l’arsenal chinois pour répondre à la menace. BYD, lui, veut prouver qu’il est déjà installé et qu’il dépasse des marques iconiques.

Le salon de Munich s’est donc transformé en cour de récré géante : chacun veut être celui qu’on regarde, celui qui impressionne, celui dont on parle à la récré. Mais à force de se mesurer en permanence, ces géants risquent de se ridiculiser eux-mêmes.

Moralité : personne n’en sort grandi

Dans cette histoire, Stellantis a tenté un coup de bluff, BYD a réagi avec trop de fierté, et nous, spectateurs, avons droit à un spectacle qui oscille entre pathétique et comique.

Alors, qui a la plus grosse ? Les chiffres disent BYD. Le ridicule dit : les deux.