Le 8 septembre prochain, elle changera de camp. Elle quitte la cathédrale Volkswagen, ses vitraux impeccables de PowerPoint et ses réunions à la minute près. Fini les briefings calibrés comme des injections de précision allemande. Leslie s’apprête à rejoindre Citroën. Oui, Citroën.
Et autant dire que dans le milieu, c’est un virage avec angle mort, chaussée humide et feux clignotants déconnectés.

Générique de début – « Citroën présente… »

Quand d’autres vont chez Citroën par curiosité ou accident de parcours, Leslie y va par choix. Un vrai. Assumé. Comme on abandonne une carte Michelin pour une boussole. Elle arrive en tant que Directrice de la Communication Monde de la marque. Une fonction très sérieuse. Mais elle, elle ne vient pas juste faire des slides, elle vient raconter des histoires. Mieux encore : elle vient les faire naître.

La légende raconte que Citroën ne se pilote pas, elle se vit. C’est une marque qui n’a jamais réussi à rester dans les clous, même quand on les cloue. Une marque capable d’inventer une voiture qui roule sur la Lune ou une qui flotte sur la Seine.
Et Leslie, dans ce chaos organisé, entend bien devenir la voix derrière le volant.

Flashback … la guerre des étoiles

Coupe franche. Retour en arrière. Leslie commence chez Mercedes-Benz, quelque part en 1997. L’Allemagne, la rigueur, la culture du silence maîtrisé. Puis DaimlerChrysler France, où elle affine ses armes de communicante dans l’arène très codifiée des relations presse.
En 2003, nouveau chapitre : elle intègre le groupe Volkswagen France.

Elle passera par SEAT, puis par Volkswagen tout court, version utilitaires inclus. Lignes de com propres. Branding tiré au cordeau. Et des campagnes où le message ne doit jamais dépasser du cadre, pas même de la marge.
Elle finira par chapeauter toute la communication du groupe dans l’Hexagone. Mais là, quelque part entre une réunion de validation de visuel et un comité de pilotage en 12 points, le doute s’est glissé.

Elle ne le dira jamais comme ça, mais l’envie est née de revenir à quelque chose de plus vivant. Moins “gouvernance des flux de parole”, plus “on raconte quoi aujourd’hui ?”.

Le casting improbable – elle rejoint Citroën

Alors, Xavier Chardon l’appelle. Ils se connaissent. Ils ont déjà travaillé ensemble. Il sait que Leslie, c’est à la fois la rigueur d’un manuel d’entretien Mercedes, et la chaleur d’une pause café sans badge d’accès.

Il lui tend le rôle. Elle accepte. Et sans le savoir, elle vient peut-être de signer pour le rôle le plus décalé de sa carrière.

Parce que Citroën n’est pas juste une marque. C’est une pièce de théâtre roulant sur quatre roues. Une DS n’était pas une voiture, c’était une soucoupe. Une 2CV, une promesse de liberté en charentaises. Une Méhari, un pastis en plastique.

Et les nouvelles ? Une AMI électrique sans permis qui donne la nausée aux normalisateurs. Une ë-C3 qui vient expliquer à toute l’industrie qu’on peut faire de l’électrique populaire. Et au milieu de tout ça, il manquait une voix. Une vraie.

Premier jour

Dans quelques jours, elle franchira les portes du siège de Citroën, avec ses carnets, ses souvenirs, ses outils. Elle croisera peut-être une C5X garée de travers, un stagiaire qui cite l’Aventure Citroën comme si c’était une épopée Marvel, et un prototype en carton dans un coin.
Elle comprendra alors que ce qu’elle doit piloter, ce n’est pas qu’une com’ de marque. C’est une comédie humaine.

Et si son job consistera à parler au monde, à aligner les messages, à faire émerger les sujets – elle saura aussi remettre un peu d’âme dans le récit. Parce que chez Citroën, on ne communique pas. On s’exprime. Avec maladresse parfois. Avec éclat souvent. Mais toujours avec sincérité.

L’après

Alors oui, il y aura des slides. Il y aura des plans médias. Il y aura des campagnes avec des deadlines qui n’en sont pas. Mais il y aura surtout une Leslie qui, entre deux réunions, regardera une vieille XM passer dans la rue et se dira qu’elle n’a pas choisi la facilité. Elle a choisi l’histoire.
Et c’est précisément ce que la communication automobile oublie trop souvent : ce ne sont pas les voitures qu’on vend. Ce sont les émotions qu’elles provoquent.

Et ça, Leslie sait très bien le dire. Même sans micro.