Citroën sort sa calculette : l’électrique à 95 € par mois, c’est sérieux ?

Le leasing qui tombe du ciel… ou presque

La date n’est pas choisie au hasard : le dispositif gouvernemental de leasing social démarre officiellement le 30 septembre 2025. Citroën prend donc les devants, comme un écolier qui rend sa copie avant tout le monde, mais en ajoutant quelques équations marketing dans les marges. La marque promet des mensualités accessibles, sans apport, sur 36 mois et 36 000 km.

La formule la plus spectaculaire : 95 €/mois pour la ë-C3 YOU. Autant dire que le ticket d’entrée dans l’électrique coûte moins cher qu’une place mensuelle de parking dans le centre de Lyon. Pour ceux qui veulent plus de coffre et une silhouette d’aventurier urbain, le nouveau ë-C3 Aircross YOU grimpe à 119 €/mois. L’ë-C4 YOU, plus familiale, s’affiche à 179 €/mois, tandis que l’ë-Berlingo PLUS, fidèle compagnon des tribus nombreuses ou des artisans organisés, se négocie à 149 €/mois.

Le hic ? Seulement 50 000 bénéficiaires auront droit à ces conditions. Premier arrivé, premier servi. On imagine déjà les files d’attente devant les concessions comme au temps des soldes pour une console de jeu.

L’ombre des « non-éligibles »

Et pour les malchanceux qui n’entreront pas dans les cases du leasing subventionné, Citroën dégaine un plan B. Comprenez : des mensualités un peu plus salées, avec apport. Exemple : 176 €/mois pour une ë-C3 avec 2 000 € posés sur la table, ou 239 €/mois pour une ë-C4 (apport de 3 200 €).
Il y a aussi l’ë-C4 X, affichée à 275 €/mois, histoire de rappeler que l’électrique peut aussi avoir une silhouette de mini-salon roulant. Et pour les urbains qui mesurent leur temps de trajet en feux rouges plutôt qu’en kilomètres, Citroën propose l’Ami à 62 €/mois, ou sa cousine en sandales, l’Ami Buggy, à 74 €/mois. Le tout avec un apport symbolique de 350 €.

Bref, même si vous ratez le coche des 95 €, il reste des wagons de solutions pour vous brancher.

Brancher sans s’arracher les cheveux

Le constructeur a pensé au détail qui fâche : la recharge. Pas de bornes rapides à installer vous-même, pas de devis d’électricien qui grimpe plus haut que le prix de la voiture. Citroën propose une easyWallbox, une solution domestique prête à l’emploi pour 499 €. Elle se branche sur une prise classique et promet de mettre en service votre borne maison en moins de 20 minutes. Une promesse qui ferait pâlir n’importe quel technicien fibre.

Le slogan implicite : « Branchez, partez, oubliez ». Ce n’est pas une révolution, mais c’est suffisamment pratique pour éviter que la première expérience électrique tourne au cauchemar logistique.

Derrière les chiffres, une stratégie

Ce qui frappe, ce n’est pas tant le prix que le message. Citroën, marque qui depuis des décennies joue la carte de la voiture « pour tous », transforme son discours en actes sonnants et trébuchants. Car derrière chaque mensualité, il y a une équation politique et industrielle : rassurer les ménages face à l’électrique, remplir les usines européennes (tous les modèles sont produits sur le Vieux Continent), et montrer que la transition énergétique ne se limite pas aux hauts revenus.

Avec la garantie Citroën We Care jusqu’à 8 ans ou 160 000 km, la marque pousse même le bouchon du « pas de mauvaises surprises » un cran plus loin. Une manière de dire : « vous ne serez pas les cobayes de l’électrique », ou en tout cas, pas seuls.

L’électrique sans barrière… ou presque

On pourrait se dire que l’électrique devient enfin abordable. Mais l’histoire est plus nuancée : les 50 000 véhicules réservés, les plafonds d’éligibilité, les conditions de location longue durée… Tout cela rappelle que l’offre est calibrée, millimétrée, presque chirurgicale.