Katrin Adt : une Allemande pour conduire la Roumaine, Dacia

Une carrière sous le signe de l’étoile

Juriste de formation, Katrin Adt n’a pas passé ses 26 dernières années à regarder passer les voitures. De Daimler à Mercedes-Benz, elle a occupé des postes de premier plan : CEO de Mercedes-Benz Luxembourg, VP RH et Développement, CEO de Smart, CEO de Mercedes-Benz Own Retail Europe… et plus récemment en charge de l’Audit Corporate. Une trajectoire qui fait autant penser à un tour d’Europe qu’à une ascension en colimaçon vers le sommet.

Elle n’est pas étrangère aux transitions brutales : c’est elle qui a accompagné la bascule de Smart vers le 100 % électrique. En d’autres termes, elle sait ce que veut dire « transformer une marque » sans que les clients s’enfuient tous en courant vers le concessionnaire voisin.

Dacia, le défi du low-cost électrifié

Pourquoi Dacia ? Parce que la marque roumaine, réputée pour sa mobilité accessible, est désormais à la croisée des chemins. Les Sandero se vendent par wagons, le Duster fait figure d’icône populaire, et le Bigster, SUV du segment C, pointe déjà son capot comme la prochaine arme de conquête. Mais la grande bataille qui attend Adt est claire : électrifier la gamme “à la Dacia”.

Traduction : produire des voitures branchées qui ne coûtent pas plus cher qu’un abonnement EDF. Car si les clients sont prêts à troquer leur Clio pour une Spring, encore faut-il que le passage à la prise ne rime pas avec crédit sur 10 ans.

Un changement de pilote à grande vitesse

Son prédécesseur, Denis Le Vot, laisse derrière lui une marque en pleine santé commerciale. Sous son mandat, Dacia s’est installée durablement dans le top 3 du marché retail européen, avec une clientèle élargie, fidèle et attachée à cette approche sans fioritures. François Provost, CEO de Renault Group, lui a adressé un merci appuyé, avant de souhaiter à Adt la bienvenue à bord.

Quant à Cambolive, le Chief Growth Officer, il insiste sur l’étape suivante : faire de Dacia une référence dans l’électrique grand public. On l’imagine déjà poser la question qui tue : « Katrin, combien coûtera l’électrique à la Dacia ? » Une équation que même un ancien d’Audi préférerait éviter.

Diversité, mentorat et pragmatisme

Adt ne débarque pas seulement avec un carnet d’adresses germanique et des tableaux Excel bien ordonnés. Elle est aussi connue pour son engagement en faveur de la diversité et du mentorat féminin dans la tech. Un signal fort dans une industrie où les costumes gris et les sourcils froncés tiennent souvent la vedette.

Elle-même l’a rappelé dans ses premiers mots : « Façonner les entreprises pour l’avenir a toujours été le moteur de mon engagement. » Manière polie de dire que le changement, elle connaît, et que les clients Dacia feraient bien de s’habituer à brancher autre chose que leur smartphone.

Une mission taillée sur mesure ?

Avec son expérience du retail, des transformations et de l’électrique, Adt semble calibrée pour cette nouvelle aventure. Mais Dacia n’est pas Mercedes. Ici, on parle d’acheteurs qui veulent une voiture neuve au prix d’une d’occasion, de réseaux de distribution qui doivent rester compétitifs, et de réglementations européennes qui poussent à électrifier plus vite qu’un grille-pain.